Dans le n° 96-septembre 2018  10056

Les idées reçues ont encore de l'avenir...

Les représentations négatives portées par les jeunes comme par les aînés, restent assez rudes... Les résultats du dernier baromètre Ipsos pour la Fondation Korian pour le bien vieillir, le confirment...

Cette étude est la seule faite sur quatre pays d'Europe (Allemagne, Italie, Belgique et France). Prenons quelques exemples. Lorsque l'on demande aux plus de 65 ans si des seniors peuvent s'engager en politique et se présenter à des élections : 51% des seniors européens sont résolument contre, mais le refus culmine à 66% chez les Français et tombe à 28% chez les Allemands. Le droit de ne pas partir en retraite est plus accepté par les seniors européens, avec un taux moyen de 61 % de réponses positives, sauf du côté des Français, en désaccord à 51% et des italiens qui sont contre à 52%. Les seniors Belges sont moins réfractaires, avec 38% seulement de refus, et les Allemands, particulièrement favorables, puisque tout juste 17% sont contre.

Ce qu'ils disent des élans de l'amour

Seul le romantisme échappe pratiquement complétement à ces représentations négatives... Quoi que : 28% des seniors d'Europe seraient choqués (6%) ou trouveraient cela ridicule (22%) qu'une personne ayant dépassé les 65 ans refasse sa vie ou se remarie. Si les seniors Allemands, avec que 17% de refus, et les seniors Belges, avec 22% de récusation, font bonne figure, les plus de 65 ans Français sont tout de même 26% à récuser les élans du coeur. Et 48% des tristes seniors italiens... Les références, largement portées par les seniors eux-mêmes, sont marquées du sceau de la jeunesse et de la beauté. Et du conformisme. On sait depuis le sociologue Georges Palante que l'individu est fragile face à la pression de la norme. Nos identités sont multiples mais nos représentations restent souvent assignées par la tradition, la norme et l'auto censure.

Ce qu'en pensent les plus jeunes...

Remarquons que l'étude posait, en miroir, les mêmes questions aux moins de 65 ans. Globalement, les réponses sont assez proches entres les deux publics. Les moins de 65 ans répondent un peu plus négativement que leurs aînés à propos de la possibilité pour les plus de 65 ans de reprendre des études ou de refuser de partir en retraite. A l'inverse, ils sont un plus cool à l'idée qu'un plus de 65 ans créé son entreprise. Ils seraient aussi 53% à trouver normal qu'un senior se présente à une élection. Pour ce qui concerne le fait qu'un senior puisse refaire sa vie ou se remarier, les moins de 65 ans sont un peu plus ouverts que leurs aînés : 75% n'y voient aucun problème, contre 72% pour les plus âgés.

Si l'on peut regretter la permanence d'une vision très limitante du droit de vivre comme ils l'entendent des plus âgés, on peut aussi signaler que la question culturelle est bien plus prégnante que celle des âges.

Serge Guérin

Sociologue, Professeur à l'INSEEC, responsable du diplôme « Directeur des établissements de santé », Inseec Paris

Co-auteur de La Silver économie, La Charte, 2018, La guerre des Générations aura-t-elle lieu ?, Calmann-Levy, 2017

01/10/2024  - Ce qui se voit...

Luxe, calme et propreté

S'il est bien une condition indispensable au bon fonctionnement des Ehpad, c'est à n'en pas douter l'hygiène des locaux. Nettoyage, bionettoyage, hygiène du linge... Les consignes et protocoles ne manquent pas pour assurer l'organisation et l'évaluation de ces tâches quotidiennes. Et pourtant, ce travail reste invisible. Ou plutôt, il n'est visible que quand il n'est pas fait. Paradoxe ?
01/10/2024  - Billet

Les vieux aussi !

Serge Guérin me pardonnera de paraphraser le titre de son dernier ouvrage en date* pour titrer mon billet. Vous l'avez lu ou en connaissez le thème : bousculer les idées reçues sur le désintérêt des « vieux » en matière de gestes écologiques et solidaires. Tribune pour répondre à ceux qui pensent que ces générations issues de la deuxième guerre mondiale et des années cinquante ont abusé des trente glorieuses et se moquent des incidences climatiques et générationnelles futures. Elles pourraient pourtant donner des leçons d'économies à beaucoup en matière d'eau, de déchets et de courage. Une anecdote a fini de me convaincre. Récemment par une belle journée je me dirigeais vers la déchetterie suite à des travaux de jardin et je vis sur le bord de la route une personne âgée, courbée et tirant deux chariots utilisés pour les courses. Je me fis la remarque du courage de cette personne sachant que le commerçant le plus proche était à bonne distance. Sur la route de mon retour, je la revis. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'en fait cette dame âgée ramassait des deux bords de la route les déchets que les « clients » de la déchetterie laissaient tomber de leurs remorques en roulant. Je ralentis pour en avoir la certitude et raconter ce vécu à l'ami Serge. Plus encore, je décidais en ces temps riches d'à priori primaires d'en faire le thème de ce billet. Méfions-nous de ces raccourcis trop faciles. Oui, les vieux « aussi » sont sensibles à ces sujets qui mobilisent beaucoup de jeunes, à juste titre. Gardons-nous de ces clichés clivants. Demain ne pourra se construire qu'en faisant société, intelligemment, avec tolérance et respect. Et dès lors, même si mon propos est naïf, il fera bon vivre ensemble. ...
01/07/2024  - Billet

La victoire appartient au plus opiniâtre

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01/06/2024  - Toucher

Découvrir le corps

Toucher des corps qui ne sont ni les nôtres ni ceux des proches aimés. Les couvrir et les découvrir, au gré des soins et des besoins de chacun. Les toucher avec pudeur et respect, dans l'intimité d'une chambre. C'est notre quotidien de soignants, qui prenons soin de ceux qui ont besoin d'assistance pour les actes simples de la vie.
01/06/2024  - Partie I

Virage domiciliaire: Les risques du tête à queue...

Le « virage domiciliaire » est une formule qui sent bon la novlangue administrative et le poncif bureaucratique. Voici des années que ce virage est annoncé, que de nombreuses caravanes publicitaires stationnent sur les aires d'autoroute de la seniorisation... Pour autant, le bilan est maigre.
16/05/2024  - Billet

Éloge du temps

Le débat sur la fin de vie est en cours. Tel un marqueur politique nécessaire, il a été décidé d'en accélérer la réflexion. Il est vrai que le sujet est plus que sensible car on le constate déjà, la sémantique le dispute au fond. On évoque un « modèle français », qui de mon point de vue sera difficile non seulement à construire mais aussi à mettre en oeuvre. Il a été dit qu'il fallait donner du temps au temps. Et cette formule est reprise bien souvent et complaisamment. Sans vouloir procrastiner, car il est légitime qu'une société évolue, j'ai pour autant l'humilité de penser que notre pays est assez enclin à légiférer et « sur-légiférer » sans s'assurer de la réelle application des lois déjà votées. Un consensus se dégage ainsi pour affirmer qu'en matière de fin de vie, la douleur est le facteur essentiel. Et que le nombre de places en soins palliatifs est non seulement insuffisant mais géographiquement injuste. Le sujet presque tabou est difficilement évoqué. Triste constat. La loi Claeys-Leonetti est incomprise, souvent non mise en oeuvre. Elle correspond pourtant à un encadrement important et nécessaire de ces moments si difficiles. ...
01/05/2024  - Billet

Marqueurs de bienveillance

Les débats sur la loi « Bien vieillir » agitent les acteurs du secteur médico-social. Le grand public est plus préoccupé par d'autres sujets sociétaux, anxiogènes et médiatiquement plus à la « une ». Encore une fois, le grand âge est victime du syndrome de l'indifférence et d'un manque de volonté politique face au mur qui se rapproche de plus en plus. C'est un combat permanent, lassant, décourageant souvent, mais essentiel cependant selon le terme si employé lors de la récente pandémie. ...
01/05/2024  - Partie IV

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Pour poursuivre notre série sur la valorisation des métiers du care, évoquons les initiatives visant à améliorer très concrètement le quotidien des femmes et des hommes (surtout des femmes) qui travaillent auprès des plus fragiles.
01/05/2024  - Chronique

Et si on arrêtait de cacher les vieux?

La France des vieux, c'est la France du passé, la France d'hier. Place aux jeunes, à la modernité et à l'innovation digitale ! Bien entendu, je ne suis pas sérieux... Je vous imagine déjà sursauter...