Les représentations négatives portées par les jeunes comme par les aînés, restent assez rudes... Les résultats du dernier baromètre Ipsos pour la Fondation Korian pour le bien vieillir, le confirment...
Les idées reçues ont encore de l'avenir...
Cette étude est la seule faite sur quatre pays d'Europe (Allemagne, Italie, Belgique et France). Prenons quelques exemples. Lorsque l'on demande aux plus de 65 ans si des seniors peuvent s'engager en politique et se présenter à des élections : 51% des seniors européens sont résolument contre, mais le refus culmine à 66% chez les Français et tombe à 28% chez les Allemands. Le droit de ne pas partir en retraite est plus accepté par les seniors européens, avec un taux moyen de 61 % de réponses positives, sauf du côté des Français, en désaccord à 51% et des italiens qui sont contre à 52%. Les seniors Belges sont moins réfractaires, avec 38% seulement de refus, et les Allemands, particulièrement favorables, puisque tout juste 17% sont contre.
Ce qu'ils disent des élans de l'amour
Seul le romantisme échappe pratiquement complétement à ces représentations négatives... Quoi que : 28% des seniors d'Europe seraient choqués (6%) ou trouveraient cela ridicule (22%) qu'une personne ayant dépassé les 65 ans refasse sa vie ou se remarie. Si les seniors Allemands, avec que 17% de refus, et les seniors Belges, avec 22% de récusation, font bonne figure, les plus de 65 ans Français sont tout de même 26% à récuser les élans du coeur. Et 48% des tristes seniors italiens... Les références, largement portées par les seniors eux-mêmes, sont marquées du sceau de la jeunesse et de la beauté. Et du conformisme. On sait depuis le sociologue Georges Palante que l'individu est fragile face à la pression de la norme. Nos identités sont multiples mais nos représentations restent souvent assignées par la tradition, la norme et l'auto censure.
Ce qu'en pensent les plus jeunes...
Remarquons que l'étude posait, en miroir, les mêmes questions aux moins de 65 ans. Globalement, les réponses sont assez proches entres les deux publics. Les moins de 65 ans répondent un peu plus négativement que leurs aînés à propos de la possibilité pour les plus de 65 ans de reprendre des études ou de refuser de partir en retraite. A l'inverse, ils sont un plus cool à l'idée qu'un plus de 65 ans créé son entreprise. Ils seraient aussi 53% à trouver normal qu'un senior se présente à une élection. Pour ce qui concerne le fait qu'un senior puisse refaire sa vie ou se remarier, les moins de 65 ans sont un peu plus ouverts que leurs aînés : 75% n'y voient aucun problème, contre 72% pour les plus âgés.
Si l'on peut regretter la permanence d'une vision très limitante du droit de vivre comme ils l'entendent des plus âgés, on peut aussi signaler que la question culturelle est bien plus prégnante que celle des âges.
Serge Guérin
Sociologue, Professeur à l'INSEEC, responsable du diplôme « Directeur des établissements de santé », Inseec Paris
Co-auteur de La Silver économie, La Charte, 2018, La guerre des Générations aura-t-elle lieu ?, Calmann-Levy, 2017