Le besoin de liens, d'attention, de prise en considération ne disparaissent pas avec l'avancée en âge. Bien au contraire !
Les Médecines Complémentaires et Alternatives pour l'accompagnement des aînés
Face à des fragilités croissantes, au vieillissement de la population et à la hausse des maladies chroniques, la cure a besoin d'être fortement complétée par le care. Il ne s'agit pas seulement de soigner et guérir, mais d'accompagner, d'améliorer la qualité de vie, de lutter contre les effets délétères de la maladie... Or, notre système reste trop marqué par la médicalisation en laissant trop de côté le pouvoir d'agir de chacun sur son bien-être.
Vers une nouvelle médecine
L'attention à sa santé se diversifie en fonction des contextes sociaux et culturels, des parcours biographiques et des personnalités. Elle déborde sur la prévention et sur une recherche de qualité de vie et de bien être.
Face à ces dynamiques nouvelles et fortes, la médecine scientifique ne sait pas nécessairement répondre à l'ensemble des attentes et des recherches de bénéfices thérapeutiques. Elle n'est pas nécessairement outillée pour une pratique du soin relationnel demandé par les patients. Les professionnels ne sont pas formés ni préparés à cela. C'est dans ce contexte que l'on assiste à une dynamique nouvelle autour des médecines complémentaires et alternatives (MCA)1. La diversité des pratiques répond à la pluralité des situations, des attentes, des imaginaires et des besoins. Dans un moment où nombre de personnes se sentent fragilisées, la médecine scientifique a perdu son monopôle du soin légitime. Les MCA offrent une diversité de méthodes, approches, démarches destinées à améliorer la situation des patients.
Un besoin de considération
Le développement des MCA, c'est aussi la marque d'un désir au sein de la société, et y compris par et pour les plus âgés, d'être mieux pris en compte et plus écoutés. Si le soutien aux plus âgés est très largement marqué par une approche médicalisée, par une culture du médicament, le mouvement en faveur des MCA montre que les mentalités évoluent. Déjà, les thérapies non médicamenteuses prennent place dans les établissements. La Fondation Korian pour le Bien-vieillir en a fait, par exemple, un de ses axes majeurs. Le développement des PASA, avec ses limites, ou le développement de l'activité physique adaptée, dont Siel Bleu fut le pionnier, sont de belles manifestations de ces évolutions récentes.
Vers une liberté retrouvée
Dans quelle mesure l'émergence des MCA n'est-elle pas aussi l'expression de ce besoin de care ? Le recours croissant à ces approches thérapeutiques ne marque-t-elle pas une recherche de plus de liberté dans les choix de santé, une façon de s'inscrire dans une logique où la perte d'autonomie ne rime pas avec la perte de liberté ? Les MCA ne sont-elles pas un signe de cette tendance grandissante en faveur de tout ce qui apparaît comme naturel. Ces thérapies relationnelles ne sont-elles pas aussi liées à un retour des croyances, religieuses ou non, à la recherche de solutions et pratiques parfois ancrées dans la magie voire l'approche sectaire ?
Le recours, sous différentes façons, à ces médecines qui envisagent l'être humain dans sa globalité, peut se comprendre comme une volonté de reprendre la main sur sa santé, mais aussi sur son bien-être. L'accompagnement des seniors peut s'enrichir d'une mobilisation adaptée de certaines MCA, y compris dans les lieux d'accueil des aînés.
Serge Guérin
Professeur à l'INSEEC SBE et directeur du MSc « Directeur des établissements de santé ». Il vient de publier « Les Quincados », Calmann-Lévy