Dans une contribution adoptée le 20 décembre 2018 par son Conseil d'administration, la Mutualité Française présente une vingtaine de propositions couvrant la prévention, l'accompagnement et le financement, destinées à alimenter la concertation "Grand âge et Autonomie".
Les propositions de la Mutualité Française pour faire évoluer le rôle et la place des EHPAD
La Mutualité française souhaite faire du domicile la priorité de la politique de l'âge. Elle propose de diversifier l'offre d'accompagnement des personnes en perte d'autonomie, dans le cadre d'un "véritable parcours domiciliaire", en redéfinissant notamment la place et le rôle de l'Ehpad. Pour réduire le passage par l'hôpital très souvent délétère pour les personnes âgées, les missions de l'EHPAD seraient élargies aux soins de premier recours, y compris aux consultations hospitalières avancées, et en solution transitoire de sortie d'hospitalisation.
De l'EHPAD à la plate-forme gériatrique
La Mutualité française propose également de concevoir un dispositif renforcé d'accompagnement à domicile, avec les EHPAD comme pivots du dispositif. Ces derniers constitueraient des plates-formes gériatriques de proximité proposant un bouquet de services modulables et adaptés aux personnes à domicile : télésurveillance 24H/24H, équipes mobiles, dispositifs de répit pour les aidants, aide aux démarches administratives... Ce dispositif viendrait en complément des services d'accompagnement et d'aide à domicile (SAAD) et services de soins infirmières à domicile (SSIAD) qui seraient eux-mêmes renforcés. La coordination serait réalisée par les infirmières de l'EHPAD. "L'objectif serait de donner la possibilité aux personnes qui le souhaitent de rester plus longtemps chez elles, grâce à un accompagnement à domicile adapté à leur niveau d'autonomie", explique la Mutualité Française.
En vue d'améliorer la prise en charge médicale au sein des EHPAD, la Mutualité française propose également la création de postes d'infirmières en pratiques avancées spécialisées en gériatrie.
Plafonner le tarif des EHPAD
Alors que la concertation "Grand âge et Autonomie" se poursuit, la Mutualité Française se positionne à nouveau pour un financement de la perte d'autonomie qui repose sur "un socle renforcé de solidarité" et en faveur d'une diminution du reste à charge des résidents. "Le reste à charge des Français en EHPAD est l'un des plus élevés en Europe. Il atteint 2.000 euros par mois pour une personne (en Gir 1 et 2), un montant 10 fois plus élevé qu'en Suède ou au Danemark. La Suède et le Danemark se distinguent aussi par un coût moyen de leurs établissements de type EHPAD très significativement inférieur à celui d'autres États : 1300 à 1450 euros, versus 2450 euros en France et 3000 euros en Allemagne. Enfin, la France consacre 1,4% de son PIB à cet enjeu contre 3% par exemple en Suède". "Si l'Etat partageait ces objectifs mais ne souhaitait pas assumer financièrement l'intégralité de la prise en charge, une solution assurantielle pourrait compléter de façon cohérente la garantie publique", suggère la Mutualité.
Afin d'assurer l'accessibilité financière des établissements, la Mutualité française propose que le tarif des EHPAD soit plafonné, afin d'éviter que cette rente n'ait un effet inflationniste. Par ailleurs, elle suggère que le tarif des Ehpad soit variable selon le niveau de revenus du résident, grâce à un système de subventions publiques.
"Notre travail ne s'arrête pas aujourd'hui, précise Thierry Beaudet, président de la Mutualité française, "ces propositions ont vocation à nourrir nos échanges avec les pouvoirs publics et l'ensemble des acteurs mobilisés autour de l'enjeu du vieillissement de la société."