La prévention de la perte d'autonomie ou de son aggravation est l'affaire de tous les professionnels en EHPAD. Explications de Delphine Dupré-Lévêque, responsable de projet "Personnes âgées" à l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM).
"Les risques de perte d'autonomie sont repérables par tous"
En appui du plan national d'action de prévention de la perte d'autonomie, l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM) a publié, en juillet 2016, des recommandations de bonnes pratiques sur " le repérage des risques de perte d'autonomie ou de son aggravation pour les personnes âgées ", à domicile, en EHPAD ou en résidences autonomie.
Ces recommandations sont accompagnées de fiches repères sur la mauvaise nutrition/la dénutrition et la déshydratation ; les chutes ; les risques à la prise des médicaments ; la souffrance physique ; la souffrance psychique ; les troubles du comportement et les troubles cognitifs ; et le risque sur la santé des aidants. En janvier 2017, le programme s'est enrichi avec des recommandations sur le repérage des déficiences sensorielles (visuelle, auditive, gustative et olfactive, tactile et vestibulaire).
Accompagner à la santé
" La démarche préventive accompagne toutes les recommandations de bonnes pratiques de l'ANESM. C'est un axe fort de la lutte contre la maltraitance. Cet accompagnement à la santé s'inscrit dans la continuité de la culture médico-sociale. La perte d'autonomie est dans certains cas réversible. Le discours à tenir est que l'on peut agir et que les personnes âgées, même dépendantes, doivent bénéficier de cette prévention en santé ", insiste Delphine Dupré-Lévêque, responsable de projet " Personnes âgées " à l'ANESM.
Evaluations gériatriques à l'admission en EHPAD
Selon les recommandations de l'ANESM, les évaluations gériatriques au moment de l'admission du résident en EHPAD sont un moment essentiel pour identifier tous les points de prévention et les actions concrètes à mener. Les principaux domaines à observer sont le statut nutritionnel, l'activité physique, la mobilité, l'énergie/la fatigue, la force, la cognition, l'humeur, les relations sociales et l'environnement, la dépendance mais aussi la polypathologie, la chute, la polymédication (et le risque de iatrogénie médicamenteuse). " Ces derniers sont des facteurs majeurs d'hospitalisation potentiellement " évitables " notamment en EHPAD ", souligne l'ANESM.
Ces recommandations s'adressent aux AS et AMP, ASG, à tous les agents participant aux soins, mais aussi à tous les salariés de l'Ehpad : veilleurs de nuit, animateurs, agents d'accueil, agents hôteliers, agents d'entretien, secrétaires, jardiniers, etc.
Tous mobilisés
" Les risques de perte d'autonomie ou d'aggravation de l'état de la personne peuvent se repérer partout et par tous. Tous les professionnels présents au sein de l'EHPAD doivent participer, à leur niveau d'observation, à ce repérage. Pour être efficace, il est nécessaire d'organiser la remontée de la parole vers l'IDEC ", souligne Delphine Dupré-Lévêque. Au-delà d'une écoute attentive, l'observation de la personne dans son environnement, le constat des changements d'attitude et de comportement sont les fondements de la démarche de repérage des risques d'une perte d'autonomie. Chaque professionnel de l'EHPAD devient, dès lors, une "sentinelle" de la prévention.