Dans son livre Grandir*, Sophie Fontanel, grand reporter au magazine
Elle et romancière, raconte l'évolution de sa relation avec sa mère malade et porte un regard admiratif sur les soignants.
Dans son livre Grandir*, Sophie Fontanel, grand reporter au magazine
Elle et romancière, raconte l'évolution de sa relation avec sa mère malade et porte un regard admiratif sur les soignants.
Qu'apprenez-vous en accompagnant votre mère ?
La mère apprend à être vieux. La mienne me fait grandir, et comme m'a dit un ami, " elle parfait mon éducation ". Contrairement à ce qui se dit, on n'est pas la mère de son parent : ma mère a son avis sur tout ! Je crois aussi que la maladie est un déclencheur de l'amour. Elle fait comprendre qu'après il sera trop tard.
Entre Elle qui célèbre la jeunesse et Grandir, l'accompagnement d'une personne âgée de l'autre, vous faites le grand écart...
Oui mais j'ai toujours fréquenté les personnes âgées. Ma grand-mère maternelle a vécu chez nous, elle dormait dans ma chambre. Je l'ai aidée à faire sa toilette. Les personnes âgées sont joyeuses et elles sont ironiques car elles simplifient. Ce sont juste des personnes qui ont vieilli. Dans une maison de convalescence, j'ai vu par une porte ouverte un vieux monsieur qui travaillait dans son lit sur son ordinateur portable. Nous avons discuté. Avant d'être une personne âgée, c'était surtout un psychologue.
Comment affronter les pertes de mémoire, la maladie ?
Il faut rassurer la personne âgée. Est-ce si grave d'oublier ? Un oubli, c'est comme un plomb qui saute. On le remet et tout repart. C'est comme cela à tous les âges de la vie.
La maladie n'est pas linéaire, elle a des hauts, des bas. Les familles souvent ne comprennent rien. Moi, je ne sais pas si ma mère a la maladie d'Alzheimer, ce n'est pas le plus important.
Que pensez-vous du travail des équipes ?
Les soignants m'ont émerveillée ! Dans les établissements, j'ai vu des gens très faibles reprendre des forces et de la confiance. Les soignants reçoivent de l'amour, de l'ingratitude aussi. L'un d'eux m'a dit : " J'ai fait 30 changes aujourd'hui. Mais quand je vois le regard de la personne, je peux en faire 60 ! " Et il y a la toilette. Ce corps qu'on ne veut plus montrer, les aides-soignants s'en occupent.
Parfois pourtant, les gestes des aides-soignants sont parfois un peu mécaniques, je pense qu'elles manquent de temps. Etre soignant, c'est le métier de demain. Une de mes amies a commencé comme pédiatre à l'hôpital, elle est gériatre aujourd'hui.
Quelle organisation avez-vous mise en place autour de votre mère ?
C'est très compliqué... Trois aides interviennent chez ma mère. Trois pour que ma mère ne soit pas dépendante d'une seule sur le plan affectif. Le budget total s'élève à 2 500 euros par mois.
Ma mère reste intelligente aussi nous avons passé un contrat. Si elle ne s'en sort pas ainsi, on réfléchira. Je n'ai pas d'a priori sur les maisons de retraite, il faut visiter. Je serai attentive à l'architecture, aux odeurs aussi.
Le débat sur la dépendance bat son plein...
La prévention passe par l'accompagnement humain. C'est flagrant pour l'incontinence, on ne peut pas séparer les deux.
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