L'effet de menace du stéréotype se traduit par la baisse de performance d'un individu par crainte de confirmer un stéréotype négatif ciblant les compétences de son groupe social d'appartenance dans un domaine donné. Il a été mis pour la première fois en évidence en 1995 par deux chercheurs américains Claude Steele et Joshua Aronson à propos de l'échec scolaire des élèves afro-américains - le stéréotype négatif étant qu'ils sont moins intelligents que les élèves blancs. Femmes et mathématiques, performances sportives des blancs, classe sociale et intelligence, révélation du handicap mental et performance... des études diversifiées s'intéressent à ce concept de la psychologie sociale.

Des chercheurs français en psychologie cognitive viennent de publier dans la Revue de Neuropsychologie (2020/4 volume 12) deux articles faisant un point sur l'effet de menace du stéréotype sur les performances cognitives des personnes âgées et sur les enjeux cliniques en situation d'évaluation neuropsychologique (archives ouvertes). Les études en laboratoires ont permis de montrer l'impact des stéréotypes négatifs du vieillissement (et de la maladie d'Alzheimer) sur les performances cognitives à des tests cliniques proposés à des personnes âgées, écrivent-ils. Selon, eux, une partie de ces personnes pourraient ainsi être considérées à tort comme des patients MCI ((Mild Cognitive Impairment), c'est-à-dire avec troubles cognitifs légers. Ils soulignent le besoin de développer une méthode efficiente comme l'intervention éducative afin de réduire l'influence des stéréotypes négatifs durant les bilans cliniques et ainsi fournir des nouvelles recommandations pour améliorer le diagnostic au stade prodromal de la maladie d'Alzheimer. Ils proposent un protocole d'expérimentation visant à tester, pour la première fois, l'effet de menace du stéréotype lors d'un examen neuropsychologique en situation clinique chez des patients venant pour une première consultation mémoire.