Réduire d'urgence les contaminations, protéger les plus fragiles en préservant un lien social, maintenir l'économie en marche, telle est la difficile équation que tente de résoudre le gouvernement. Bilan des annonces d'Emmanuel Macron mercredi 28 octobre.
Les visites en Ehpad, toujours possibles
« Le gouvernement s'était donné 10 jours pour décider de l'opportunité de mesures nouvelles », après les décisions de couvre-feu. « Ça ne suffit plus », a déclaré le président dans son allocution télévisée. La situation est plus grave que les prévisions les plus pessimistes. 527 personnes sont décédées pour la seule journée de mardi, plus de 58% des lits sont occupés par des personnes atteintes de la Covid, l'ensemble des régions sont en seuil d'alerte et les déprogrammations d'opérations du coeur ou de cancers ont déjà commencé. Ce qui est une perte de chances évidentes pour nombre de malades.
Cette 2è vague touche toute l'Europe et « se révèlera plus dure et meurtrière que la première », ajoute Emmanuel Macron. « 9 000 personnes seront en réanimation à la mi-novembre. Si nous ne donnons pas rapidement un coup de frein brutal aux contaminations, nos hôpitaux vont être saturés et les médecins devront choisir entre les patients. Ma responsabilité est de protéger tous les français ».
Après avoir dressé un bilan des stratégies envisagées (ne rien faire pour rechercher l'immunité collective, confiner les seules personnes à risque, tout miser sur la stratégie de tests, former encore plus vite les professionnels de santé ou faire appel à la main d'oeuvre étrangère), le président a rappelé quelques éléments connus : « Nous devons protéger les plus âgés, les plus fragiles, 85% des malades décédés ont plus de 65 ans mais les formes graves touchent toutes les générations (...) nous ne connaissons pas encore les séquelles. Il faut protéger nos soignants aussi (à l'hôpital comme en ville). » Enfin les plus modestes sont les plus touchés par le virus. Ils vivent dans des lieux exigus, ont des emplois précaires. Ils subissent également les conséquences sociales et économiques de cette situation.
« Rien n'est plus important que la vie humaine », insiste Emmanuel Macron rappelant qu'il faut protéger l'économie mais qu'il n'y a pas d'économie prospère dans un système social et sanitaire dégradé et inversement. Il faut donc rechercher l'équilibre.
Un confinement en demi-teinte
Le président a donc annoncé de nouvelles mesures, dont un reconfinement de la population, en vigueur dès le vendredi 30 octobre.
Toutefois, le travail pourra continuer, si possible en télétravail, les écoles, collèges et lycées resteront ouverts, mais pas les universités, les réunions privées seront exclues et les commerces non essentiels fermés. C'est le retour de l'attestation de déplacement.
Et pour les Ehpad et maisons de retraite ?
Signe que le message des professionnels a été entendu : les visites en ehpad restent autorisées, en maintenant les gestes et mesures de protection. Idem pour la fin de vie et les enterrements : la dignité et le respect sont de mise.
Le gouvernement prend également la mesure des difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap pour qui il appelle à plus de souplesse.
« 1 million de français sont probablement malades et potentiellement transmetteurs du virus » a annoncé Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la santé, corroborant ainsi l'appel du président à maintenir une distanciation physique et porter le masque, y compris dans le domicile lorsqu'il y a un contact avec une personne non résidente. Il est donc urgent de rester chez soi et de respecter les règles.
« La réussite dépend du civisme » (...) « Nous nous élèverons si nous sommes unis », des appels à l'unité et à la solidarité pour envisager, peut-être dans une quinzaine de jours, assouplir quelques règles...
En attendant, le confinement est décidé pour 4 semaines, jusqu'au 1er décembre 2020.