C'est devant un parterre de professionnels de santé, réunis à l'Élysée, qu'Emmanuel Macron a présenté ce mardi 18 septembre une vaste réforme du système de santé français visant à renforcer l'offre de soins "pour les 50 années à venir".
Ma santé 2022 : un plan ambitieux pour renforcer l'offre de soins sur les territoires
Ce plan santé, au doux nom de « Ma santé 2022, un engagement collectif », compte 54 mesures, qui représentent un investissement de 3,4 milliards d'euros d'ici 2022 et s'organise autour de trois orientations principales.
Construire le système autour du patient
Il s'agit de rendre accessible à chaque citoyen les soins dont il a besoin. Pour cela, les médecins doivent retrouver du temps médical. Au moins 4 000 postes d'assistants médicaux « censés soulager les médecins » d'actes simples, comme une prise de température ou de tension, devraient être créés. Ces assistants participeront aussi à la gestion de tâches administratives. Ils permettront de réduire les délais d'attente, favoriseront la prévention... Les premiers arriveront dès 2019 dans les zones délicates. Une attention particulière sera portée sur les territoires les plus diminués, on pense notamment aux déserts médicaux, les campagnes bien sûr mais aussi les périphéries des grandes villes où le manque de médecins est criant.
Pour les aider, le gouvernement entend soutenir l'installation et le financement de postes dans des structures collectives, maisons de santé notamment. 400 postes de médecins salariés seront ainsi créés « pour permettre aux patients d'accéder à une consultation généraliste ».
En parallèle, il semble nécessaire d'augmenter le nombre de médecins formés chaque année. La fin du numerus clausus dès 2020 est l'une des grandes annonces de ce plan, même si le gouvernement précise que l'accès aux études menant aux professions médicales restera sélectif. Le gouvernement entend également favoriser les passerelles au sein des filières scientifiques. Finie l'ultra sélection à la fin de la 1ère année, le parcours de formation se verra plus ouvert, plus vivant, fondé sur les principes de la pratique médicale actuelle. D'autres compétences (relationnelles, rédactionnelles...) seront ainsi évaluées.
Construire un parcours de santé fluide et coordonné
Pour répondre à l'augmentation des maladies chroniques, et dans la suite logique du médecin référent, la coordination des différents spécialistes devient incontournable. Il est nécessaire de partager l'information en temps réel. Pour ce faire, le gouvernement entend déployer de nouveaux outils numériques, aujourd'hui insuffisants et cloisonnés. « Mais rien ne sera possible sans mise à jour radicale », précise Emmanuel Macron. « Il faut développer l'intelligence artificielle... Nous devons dans les trois prochaines années nous doter d'une vraie architecture numérique composée d'un DMP, enfin !, d'ici novembre 2019, d'espaces numériques patients et d'outils numériques territoriaux ». L'objectif est de mettre en place une médecine personnalisée, ce qui représente une révolution profonde dans la pratique médicale.
De même, le gouvernement souhaite créer des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) composées de médecins de ville mais aussi d'infirmiers, de kinésithérapeutes... d'ici le 1er juillet 2021. Chacune devra pouvoir gérer de 20 000 à 100 000 patients. Plusieurs initiatives ont déjà émergé. « La pratique isolée doit disparaître, martèle Emmanuel Macron. Les professionnels doivent se parler autour du patient. Nous aiderons financièrement sur 10 ans toutes les communautés qui se créeront dans les prochains 18 mois ».
Autre sujet, autre programme : le désengorgement des urgences. Les urgences hospitalières accueillent aujourd'hui des maux qui devraient être traités en ville. 1 passage sur 5 aux urgences relève d'une consultation de médecine générale. « L'hôpital doit traiter les urgences vitales, rappelle le président de la République. Il faut développer des plateaux plus légers de radiologie, de suture de plaies... et demander aux médecins d'assurer des permanences quotidiennes, jusqu'à 20h00 ». Même si le président préfèrerait 22h...
Garantir la qualité des soins quelque soit le lieu de vie sur le territoires
Le président a insisté dans sa présentation sur la nécessité de graduer de manière plus claire les activités des établissements, les classifiant en trois catégories (soins de proximité, soins spécialisés et soins ultra-spécialisés) au sein des groupements hospitaliers de territoire (GHT) créés par Marisol Touraine.
A partir de 2020, de nouvelles « normes », délimitées par des seuils d'activité, seront définies pour les services d'urgences, de réanimation, l'imagerie, la chirurgie. Les plus petits établissements seront « réorientés sur des priorités » comme la gériatrie, la rééducation, l'imagerie, la biologie ou la télémédecine. Un nouveau statut d'hôpital de proximité sera dès lors créé.
Côté économie, le gouvernement souhaite s'attaquer aux actes non pertinents. Dès 2019, il proposera une incitation financière à la qualité. Le diabète et l'insuffisance rénale chronique ne seront plus tarifés à l'acte (T2A) mais au forfait, obligeant ainsi hôpitaux et professionnels de santé libéraux à se coordonner. Pour le gouvernement, il s'agit de retrouver une qualité de travail et redonner aux professionnels du sens à leur mission.
Un accueil favorable des fédérations
Ce plan santé semble particulièrement bien accueilli par les fédérations du secteur. Pour Antoine Perrin, directeur général de la FEHAP, le diagnostic est incontestable et partagé. « Toutes les solutions présentées sont justes. La réforme est structurelle et non conjoncturelle. Pour la première fois, nous n'avons pas le sentiment que des rustines sont collées. »
Seul bémol néanmoins, pas un mot sur les structures médico-sociales et notamment les EHPAD. Même s'il s'agissait du plan santé. Il faut donc aujourd'hui attendre la mission sur le financement de la perte d'autonomie...