Maintenant je sais...
Les plus âgés se souviennent des paroles de cette si belle chanson interprétée par Jean Gabin : « Maintenant je sais ». J'avais, dans ma jeunesse, apprécié cette mélodie et ces paroles en me disant que tout cela était loin. Sauf que, désormais je sais, moi aussi ! Oui, j'ai appris que le temps passe plus vite que les contributions et que la descente d'un col est plus rapide que son ascension. Alors maintenant, oui je sais. Je sais que l'âge s'invite insidieusement, tout doucement et sans préavis. Même en ayant, et c'est mon cas, évoqué si souvent cette échéance sans crainte lors de colloques et conférences. Non, je ne crains pas de vieillir. Pas vraiment. Enfin presque...
Mais bizarrement, j'ai découvert ce que cela voulait dire, par le regard et l'attitude de mes interlocuteurs et rencontres. Je tutoie plus facilement... et l'on me vouvoie. Même lorsque je demande la réciproque.
De même lorsque je dois indiquer mon âge sur un site Internet et utiliser un menu déroulant pour déterminer mon année de naissance, je dois aller de plus en plus bas.
Au cinéma je n'ai plus à démontrer mon statut de « retraité » (que ce mot est moche, je le hais !). Enfin je sais aussi lorsque je vois certains messages sur le réseau Twitter avec la question « qui a connu cet objet ? » et que sans hésitation je peux répondre « moi », que le temps est irrémédiable et irrespectueux.
Mais je veux aussi que ce temps qui me reste et dont je ne sais l'échéance soit celui de l'après-midi de ma vie, comme le dit si bien le sociologue Serge Guérin, en savourant les plaisirs de cet âge, et ses contraintes : « Mais ça j'le sais ».
Bref, la vie tout simplement.