Après plusieurs semaines de pénurie, les Ordres de sept professions de santé s'indignent de la commercialisation dans les grandes surfaces de centaines de millions de masques chirurgicaux et grand public. La secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie Agnès Pannier-Runacher leur a répondu le 2 mai.
Masques : les professions de santé dénoncent les « profiteurs de guerre »
Dans un communiqué au vitriol du 30 avril, titré « Les masques tombent » les présidents des Ordres nationaux des médecins, sages-femmes, infirmiers, chirurgiens-dentistes, masseurs kinésithérapeutes, pédicures podologues et pharmaciens font part de leurs « consternation » et « dégoût » devant la commercialisation de masques grand public et chirurgicaux par la grande distribution dès ce lundi : « toute guerre a ses profiteurs », écrivent-ils. Ils s'interrogent : « comment s'expliquer que nos soignants n'aient pas pu être dotés de masques quand on annonce à grand renfort de communication tapageuse des chiffres sidérants de masques vendus au public. Où étaient ces masques quand nos médecins, nos infirmiers, nos pharmaciens, nos chirurgiens- dentistes, nos masseurs-kinésithérapeutes, nos pédicures-podologues, nos sages-femmes mais aussi tous nos personnels en prise directe avec la maladie tremblaient et tombaient chaque matin ? » Même incompréhensions pour leurs patients, notamment les plus fragiles, « à qui l'on expliquait jusqu'à hier qu'ils ne pourraient bénéficier d'une protection adaptée : vont-ils comprendre que ce qui n'existait pas hier tombe à profusion aujourd'hui. 100 millions par ici, 50 millions par là. Qui dit mieux ? C'est la surenchère de l'indécence ». Les Ordres ciblent bien entendu la vente de masques chirurgicaux, pas celle des masques grand public, mais il est à noter que le président de celui des chirurgiens-dentistes s'est désolidarisé le 1er mai de ce communiqué commun « compte tenu de sa rédaction et de sa diffusion manifestement précipitées ».
La réponse de la secrétaire d'État Agnès Pannier-Runacher
Silence radio du côté du ministère des Solidarités et de la santé.
Dans un premier temps, la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie Agnès Pannier-Runacher a parlé prix, et annoncé vendredi que les masques chirurgicaux ne pourraient être vendus à plus de 95 centimes d'euro l'unité. Mais interrogée le 2 mai sur France Inter elle a notamment répondu « les stocks de masques sont des commandes qui ont été faites par la grande distribution et qui sont en train d'arriver à un rythme hebdomadaire [...] de la même manière que les commandes qui ont été faites par le ministère de la Santé arrivent massivement pour équiper les soignants » Elle a ajouté : « on ne peut pas inférer de la difficulté que nous avons eue collectivement à équiper les soignants il y a deux semaines le fait qu'il serait normal que les Français n'aient pas accès à des masques ».