Si vous êtes un adepte des vols long-courrier vous avez en tête ce moment privilégié où la douce voix de l'hôtesse vous informe que, conformément au règlement sanitaire, il va être procédé à une désinfection de la cabine avec un produit inoffensif.
" Méfiez-vous du tigre "
" Méfiez-vous du tigre "
Différentes options de survie s'offrent alors à vous et, si vous avez la chance d'être un disciple de Jacques Mayol, vous pouvez opter pour les deux minutes d'apnée avec reprise progressive de la respiration, très efficace pour renforcer la ceinture abdominale. Si vous êtes de sexe masculin et d'une génération exposée au service militaire luttez à tout prix contre le vieux réflexe de l'injection d'atropine au travers de votre pantalon. L'objectif visé est de ne pas ramener en métropole d'insectes capables de transmettre des pathologies infectieuses.
Parmi eux figure Aedes albopictus appelé encore moustique tigre car rayé noir et blanc. Découvert peu avant sa mort en 1894 par Frederick A. Askew Skuse, entomologiste Britannique expatrié en Australie, cet insecte nous vient des forêts d'Asie. Hélas sa grande plasticité alliée à la mondialisation et à un certain laxisme international initial lui ont permis de se sentir chez lui un peu partout comme dans la très peuplée capitale Italienne. La France n'est pas en reste puisqu'arrivé chez nous en 2004 dans les Alpes-Maritimes il s'est d'abord implanté dans cette région avant de gagner Midi-Pyrénées puis l'Aquitaine et gageons qu'il ne s'arrêtera pas là. Vous pourriez vous dire qu'importe, un moustique en vaut un autre; certes mais pas tout à fait. Aedes albopictus a la particularité de pouvoir transmettre des infections virales potentiellement graves telles Dengue ou Chikungunya comme cela a été prouvé en métropole dans des situations encore exceptionnelles. La bête attaque plutôt au petit matin et au crépuscule mais sait aussi se nourrir la nuit et la science a démontré que si vous offrez à la femelle le choix entre deux mets à savoir un animal et un homme elle optera avec prédilection pour l'homme. Une surveillance nationale est désormais opérationnelle pour suivre l'implantation de l'insecte et investiguer les cas de pathologies autochtones. Nos établissements de santé et médico-sociaux doivent donc s'inscrire dans une politique de lutte anti-vectiorielle où diffuseurs et répulsifs se taillent la part du lion. Même si l'usage de moustiquaire est préconisé pour les sujets suspects ou atteints le caractère opérationnel de leur usage fait encore débat.
Au rang des stratégies de fond, on trouve l'implantation de mâles stériles à même de réduire les colonies de " Tigres ". Mais des chercheurs Montpelliérains ont récemment démontré que 26% au moins des oeufs étaient issus d'une fécondation par deux mâles ou plus. Sans porter de jugement sur les moeurs de la femelle Aedes, ils sont restés optimistes en pensant que le sperme des mâles stérilisés pouvait efficacement rentrer en compétition avec celui des mâles sauvages.
Et vous, êtes-vous prêt à affronter le tigre ?
En savoir plus :
http://nosobase.chu-lyon.fr/Reglementation/2011/Instruction/19062011.pdf
http://www.sante.gouv.fr/chikungunya,959.html