Après les directeurs de La Croix Rouge française, ce sont des élèves aides-soignants que Myriam El Khomri et son équipe, en charge d'élaborer le Plan sur l'attractivité des métiers, rencontraient ce 24 septembre à Nîmes. Géroscopie y était.
Myriam El Khomri rencontre des élèves aides-soignantes
C'est la dernière ligne droite. Myriam El Khomri finalise actuellement le plan métier qu'elle doit remettre le 17 octobre prochain à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Pour ce faire, elle s'est entourée d'une équipe technique composée d'experts du secteur : Philippe Denormandie, directeur des relations santé de Nehs, Geneviève Mannarino, commission des Affaires sociales de l'Assemblée des Départements de France, Alice Casagrande, directrice de la formation, de l'innovation et de la vie associative à la Fehap, Johan Girard, délégué national personnes âgées pour La Croix-Rouge française, Marc Bourquin, conseiller stratégie de la Fédération Hospitalière de France mais aussi deux aides-soignantes et une auxiliaire de vie. Depuis juillet 2019, ils enchainent les auditions de fédérations, organisations syndicales, professionnels de terrain, en prise avec la réalité du quotidien...
Les grandes orientations du plan métier
Myriam El Khomri l'annonçait déjà lors de son intervention au Congrès des âges et du vieillissement, organisé par l'AD-PA et 9 autres organisations les 23 et 24 septembre à Paris, « un focus a été réalisé sur les aides-soignants et les auxiliaires de vie. » Notamment en matière de formation. Et c'est ainsi que la voilà à Nîmes ce 24 septembre pour écouter des élèves aides-soignants de la Croix Rouge française partager leurs difficultés, leurs espoirs, leurs aspirations mais aussi leur présenter les quatre axes de travail en cours de finalisation, qui seront officiellement présentés le 17 octobre.
- La formation initiale et continue
Le coût de la formation reste important et varie d'une région à l'autre. Myriam El Khomri soulève la question de la gratuité de l'enseignement à l'image de la formation des médecins. « Nous voulons aussi développer l'attribution de bourses » pour favoriser la formation et la reconversion professionnelle. Autre point délicat : le concours d'entrée. « Nous nous orientons vers la suppression de ce concours d'accès, préférant une sélection autour de la qualité relationnelle et de l'empathie, des qualités essentielles à l'exercice de ce métier ». L'idée est également de développer des passerelles entre les secteurs du sanitaire et du médico-social, entre l'établissement et le domicile, la VAE et l'apprentissage...
- La rémunération, l'organisation des branches professionnelles
Aujourd'hui 7 conventions collectives cohabitent. Il devient donc impossible de passer d'une branche à l'autre, limitant la mobilité et l'évolution de carrière. Le groupe projet propose d'établir une convention socle et de proposer des réponses adaptées à chaque convention. Autre difficulté : la prise en considération des temps de trajet. « Il est plus qu'urgent de la considérer à sa juste valeur ».
- La qualité de vie au travail
Troisième grand sujet, l'absentéisme qui représente 7 à 15 % en Ehpad. Myriam El Khomri évoque la possibilité d'un engagement à faire baisser la sinistralité lors de la signature d'un CPOM. L'indice de sinistralité « accidents du travail et maladies professionnelle (AT/MP) » s'élève à 104 pour 1 000 salariés dans les métiers du grand âge alors que ce taux n'est que de 35 pour 1 000 en moyenne dans toutes les autres activités. Le secteur du bâtiment quant à lui affiche un taux de 60 pour 1 000. La qualité de vie au travail et la QVT sont des enjeux majeurs pour améliorer la perception de ces métiers.
- L'innovation sociale, les technologies, les capacités de financement
Comment continuer de travailler ensemble, de collaborer, de communiquer pour changer la perception du secteur ? Aujourd'hui aucun observatoire de branche ne permet d'évaluer le nombre de professionnels qui choisissent de se spécialiser en gérontologie. Le levier majeur resterait donc l'apprentissage et la capacité à créer des passerelles. Et ce d'autant que ces métiers présentent de réelles opportunités : ils ne sont pas délocalisables, beaucoup de départs en retraite sont déjà annoncés, le risque de chômage est quasi nul...
Des élèves engagés
Sonia, aide soignante tout juste diplômée, témoigne d'un réalisme et d'une grande conscience dans le choix de son métier. « La pénibilité est réelle, nous ne sommes pas des robots, notre métier est stressant, mais je suis convaincue du bien-fondé de nos missions ». Même résonance du côté d'Emilie, qui affirme « vouloir du temps auprès des patients pour être bienveillante, vouloir la reconnaissance de son métier dans le respect de ses valeurs, car s'il faut tout un village pour élever un enfant, je veux retrouver le contact avec le grand âge, qu'on me donne les moyens de m'occuper de Marie-Louise, 95 ans ».
Le respect est souligné comme une valeur fondamentale, que ces élèves espèrent conserver dans la pratique de leur métier. « On n'est pas pessimistes », ajoute Emilie d'une voix forte. « Pour preuve, on est là aujourd'hui ». « Et on croit en vous », répond Myriam El Khomri sur le même ton. « Notre soutien vous est acquis. Reste à savoir ce que décideront les personnes en responsabilité... »
Réponse, en décembre 2019...