Thomas Labrunye, PDG de Bulle de linge, appelle les directeurs d'EHPAD à ne pas sous-estimer les risques de contamination par le linge.
"Ne pas relâcher la vigilance"
« L'exigence de propreté microbiologique du linge semble aujourd'hui délaissée par un nombre croissant d'acteurs alors que les résidents en EHPAD sont d'une part de plus en plus dépendants, et donc de plus en plus vulnérables, et que d'autre part l'actualité, notamment dans le champ de l'alimentation, nous rappelle constamment que nous ne devons pas baisser la garde.
Le linge est un facteur connu et reconnu de transmission de contaminations, qu'il s'agisse de maladies infectieuses mais aussi parasitaires, comme la gale ou la teigne, ou encore de bactéries, comme bacillus cereus. Si la norme européenne révisée EN 14065 (méthode RABC) n'est pas d'application obligatoire, son respect est fortement recommandé par la Haute Autorité de Santé. La nouvelle version, sortie fin 2016, mais dont le Guide d'Application a été publié fin 2018, a légitimement renforcé les exigences pesant sur les professionnels de l'entretien des textiles, faisant notamment du lavage, un « point critique ». Il est aujourd'hui obligatoire de faire qualifier les process de lavage, c'est-à-dire de prouver leur efficacité pour atteindre le résultat bactériologique escompté et de garantir cela dans la durée. Évidemment, cela requiert une organisation et des moyens que les professionnels ont malheureusement tendance à mésestimer.
Prenons l'exemple très concret des bandeaux de lavage1. Dans la plupart des buanderies d'établissements, ils sont entretenus dans les mêmes machines que le linge personnel des résidents. Un événement récent vient nous rappeler que cela n'est pas sans risque. En août dernier, la blanchisserie de l'hôpital de Troyes a été totalement fermée pendant 36 heures pour permettre la décontamination du tunnel de lavage et des séchoirs en raison de la présence de bacillus cereus apporté par les bandeaux de lavage. 8 jours de traitement ont été nécessaires pour éradiquer la bactérie des machines et matériels.
On peut également évoquer les infections fongiques (mycoses) que l'on peut retrouver couramment chez les personnes âgées. Si les chaussettes ou les serviettes de toilette ne sont pas correctement entretenues, cela ne permettra pas de faire disparaître le champignon responsable, avec un risque réel de réinfection du résident par son propre linge.
Une mauvaise maîtrise des procédés de lavage et de dosage des produits, fait également naître un risque chimique important. La persistance de résidus de produits lessiviels dans le linge en raison d'un mauvais rinçage ou d'une neutralisation insuffisante peut entraîner l'apparition d'érythèmes sévères chez des résidents au revêtement cutané déjà extrêmement fragilisé.
Face aux alertes qui se multiplient, les EHPAD doivent se remobiliser sur les impératifs de sécurité et d'hygiène. Nous le devons à toutes les personnes qui sont impliquées quotidiennement dans le soin des résidents, et bien évidemment aux résidents eux-mêmes. »