Willy Siret, Directeur Général Délégué aux Opérations du groupe Le Noble Age détaille la stratégie du groupe en France et à l'international.
« Notre développement répondra à une logique d'immersion territoriale »
Le Groupe le Noble âge s'est développé à la fois sur le sanitaire et le médico-social. Quelles sont les voies d'un développement futur en France ?
Depuis son origine, Le Noble Age, a fait le choix d'une forte médicalisation de ses établissements ou services, d'un cadre de vie et de prestations offrant une continuité de vie, digne et citoyenne, quelles que soient les fragilités qui ponctuent le parcours de chacun. Cette ambition engage une volonté constante d'adaptation des services et d'amélioration des prestations, en tenant compte des attentes des résidents et des patients. Mais, être présent sur un secteur donné, c'est aussi connaître et reconnaître les besoins spécifiques du territoire en conjuguant nos compétences avec celles des acteurs et partenaires locaux. Notre développement répondra à cette logique d'immersion territoriale, pour contribuer à fluidifier le parcours de santé des personnes fragilisées, par l'apport de solutions modulables basées sur l'expérience et la capacité à innover. La structure familiale du Noble Age permet cette vision à long terme et ce potentiel de «singularité» et d'agilité qui invite à relever les défis d'une société en mutation.
Quel est le bilan de l'année 2012 et les perspectives pour 2013 ?
Nos deux métiers, sanitaire et médico-social, ont réalisé de bonnes performances. Le Noble Age dispose à ce jour d'un parc total de 5 532 lits comprenant un important réservoir de croissance.
Sur le secteur médico-social, nous intensifions les investissements dans la restructuration des établissements nouvellement acquis et dans la création d'établissements de plus grande capacité afin d'offrir aux résidents et aux professionnels qui les accompagnent, un cadre qui conditionne une vie sociale et une prise en charge de qualité. Nous explorons aussi, avec les Pouvoirs publics, la modélisation d'une offre à tarif d'hébergement plus bas afin d'apporter une réponse nouvelle, qualitative et accessible, à 60 % de la population.
Sur le secteur sanitaire, la restructuration et la montée en expertise de nos établissements portent aujourd'hui ses fruits, avec des établissements reconnus (SSR cardiologie, neurologie, pneumologie, personnes âgées polypathologiques...).
Globalement, nous avons en perspective la mise en service sur les trois prochaines années d'une offre au modèle Noble Age renouvelée, portant sur une capacité complémentaire de 2100 lits, ce qui signifie également des opportunités d'emploi sur les territoires concernés, soit plus de 1500 embauches sur les filières suivantes: médical et paramédical, management et administratif, hôtellerie et restauration.
Vous avez développé une filiale d'hospitalisation à domicile, pour quelle raison ? Envisagez-vous le développement de véritables filières régionales avec des partenaires ?
Le décloisonnement des solutions de prise en charge, et les dispositifs mobiles permettant leur concrétisation, répondent aux attentes de la plupart des personnes fragilisées souhaitant conserver les repères de leur domicile. Suivant posément notre stratégie d'ancrage territorial, c'est avec les acteurs concernés que nous avons lancé notre premier HAD «Ouest Anjou Saumurois» en 2009: Le Noble Age s'est vu confié la mission d'assurer ce nouveau service, en partenariat avec le Groupement de Coopération Sanitaire (GCS), dédié à l'hospitalisation à domicile, par les six acteurs publics et privés du territoire de santé du Saumurois. L'HAD Ouest Anjou Saumurois est un Hôpital à Domicile qui permet d'assurer, au domicile du patient, des soins médicaux et paramédicaux continus, coordonnés et polyvalents en associant le médecin hospitalier, le médecin traitant, ainsi que l'ensemble des professionnels paramédicaux et sociaux concernés par le patient. Cette année, nous avons intégré un nouvel HAD en Haute-Savoie.
Le rapport Broussy préconise de transformer les Ehpad en plateforme de services. Cette suggestion vous semble-t-elle réaliste ?
Le Noble Age s'inscrit dans cette dynamique de réseau et cette volonté de coordination du parcours de santé. Comme l'indique également le Rapport HCAAM 2010 «Vieillissement et Assurance Maladie», « il y a désormais un large consensus sur le fait que la coordination des soins fait intégralement partie de la prise en charge soignante, et que cette réalité est particulièrement vraie pour les personnes du grand âge ». Par exemple, sur 15 projets de labellisation de plateformes de services des PAERPA (personnes âgées en risque de perte d'autonomie) en Pays de la Loire, 4 sont issus du Noble Age.
Par ailleurs, de nombreux établissements mènent déjà des réflexions et des actions concrètes de décloisonnement et s'engagent sur des projets qui s'avèrent être de véritables passerelles: La Chézalière à Nantes, participe à la socialisation des personnes vivant à domicile grâce au projet «O'Menu» mené avec la Ville: une offre de restauration qui permet aux personnes âgées de plus de 60 ans de déjeuner au sein de l'établissement et de bénéficier d'un repas concocté par le Chef Maison! La Gauloise à Marseille, a opté pour le partage des savoirs en élaborant une bibliothèque avec la Maison d'enfant Bois-Fleuri, accueillant des jeunes placés sous décision judiciaire... Les ingrédients et les motivations constitutives de passerelles existent déjà, l'enjeu consiste à partager les bonnes pratiques pour déployer les solutions pertinentes et, surtout les rendre visible par une meilleure coordination des acteurs.
Nous adhérons aussi pleinement au combat remis à l'ordre du jour dans le Rapport Broussy pour faire changer le regard sur la vieillesse. En 2009, nous avions engagé une rencontre entre plusieurs résidents de nos établissements avec des sénateurs. Ces «Débats citoyens» qui ont permis d'éditer un «Livre blanc», porteur de la parole de citoyens âgés qui révèlent leurs idéaux, leurs attentes pour un «bien vieillir». Construire une société qui sait intégrer les personnes fragilisées est un challenge sans cesse renouvelé...