C'est par ces mots que Jean-Pierre Riso, Président de la Fnadepa (Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées), a ouvert le 15e colloque national de l'association, qui porte cette année sur les politiques vieillesse.
"Nous ne lâcherons rien"
Devant la salle comble de l'espace Charenton qui accueille ce jeudi 26 janvier le 15e colloque de la Fnadepa, Jean-Pierre Riso, dresse un bilan de l'année écoulée. « Il me vient bien sûr en tête le scandale Orpéa et ses conséquences : la méfiance des familles, la mauvaise presse, la vague de contrôles. Mais aussi, et en vrac, la gestion du Covid, les campagnes de vaccination, l'extension du Ségur de la santé, l'avenant 43 de la Convention Collective des services à domicile, l'absence de loi grand âge, la réforme de l'évaluation, le volet « Bien vieillir » du Conseil National de la Refondation. Et, par-dessus tout, la pénurie de ressources humaines et l'impact de l'inflation. »
La situation des établissements est aujourd'hui particulièrement complexe. Le manque de personnel atteint des sommets, contraignant des établissements à réduire leurs capacités d'accompagnement. Jean-Pierre Riso précise que parmi ses 1 400 adhérents, 1/4 des établissements doit geler des entrées et 1/3 des services à domicile ne peut honorer pleinement les plans d'aide APA des bénéficiaires, soulignant que les manques de personnels concernent tous les métiers : soignants, accompagnants éducatifs et sociaux, personnels administratifs, agents d'entretien ou cuisiniers.
Et c'est sans compter l'« inflation galopante sur des budgets déjà fragilisés par l'insuffisance de financement du Ségur de la santé, de la prime Grand âge et de l'avenant 43 des services à domicile », de la revalorisation du point ou de la prime mobilité dans la fonction publique insuffisamment financées. 85 % de ses adhérents annonçaient un déficit à la fin de l'année.
Des fonds insuffisants pour répondre au vieillissement démographique
Rappelant que le rapport Libault prévoyait dès 2019 un financement progressif de 10 milliards d'euros pour répondre aux besoins démographiques, le président de la Fnadepa souligne que seuls 300 millions d'euros sont aujourd'hui programmés pour le grand âge. Dans la même veine, c'est 3 000 postes qui sont financés alors qu'il en faudrait en réalité 100 000, le double des préconisations du rapport El Khomri.
De même concernant les taux d'évolution des tarifs hébergement et dépendance votés par les conseils départementaux qui restent largement insuffisants vue l'inflation et pourtant bien qu'en hausse cette année (+ 1,5 % dans le Rhône, 1,76 % dans les Yvelines, 3,5 % dans les Côtes-d'Armor, 3,65 % en Loire-Atlantique). Jean-Pierre Riso appelle les conseils départementaux à voter des taux directeurs plus importants pour « assurer la survie économique des services ».
Pourtant, nous ne lâcherons rien
Au-delà du constat, malgré la lassitude et la fatigue, la Fnadepa entend continuer le combat, nourrie par la vitalité et la capacité d'investissement qui anime le réseau. Convaincue que « vieillir est une chance », et pour répondre au double enjeu, que représentent « le besoin de bras et les financements », l'association rappelle que l'heure est à l'action.
Après ses 25 propositions publiées en 2021, 10 mesures prioritaires ont été demandées à l'automne dernier. Parmi elles :
- Le lancement d'un plan Marshall des métiers du Grand âge visant le recrutement massif de 100 000 professionnels en 5 ans.
- La revalorisation d'au moins 5 % des tarifs fixés par l'ensemble des Conseils départementaux pour faire face à l'inflation.
- L'obtention d'une loi de programmation pluriannuelle ambitieuse dotée de 10 milliards d'euros de financements. « Cette loi devra aussi poser les bases d'une gouvernance rénovée et d'un service public territorial de l'autonomie optimisé » ajoute Jean-Pierre Riso.
Aujourd'hui l'association continue de se mobiliser. Après sa campagne « Stop au blabla, faites notre loi » et « Les vieux méritent mieux ! » quelques mois plus tard, elle entend agir au sein des diverses instances : le Haut conseil de l'âge et la Cnsa, la cour des comptes, qui l'a reçue en 2022, mais aussi par des rencontres régulières avec les autorités politiques du pays. Aujourd'hui la Fnadepa envisage la PPL de la majorité comme « un pas en soi » qu'elle espère voir enrichir lors des travaux parlementaires.