Le secteur du domicile fait pression pour obtenir une loi autonomie et s'inquiète de l'absence de calendrier précis.
« On a suffisamment de rapports, maintenant il faut passer à l'action »
Lors de la rencontre organisée par l'Association des journalistes de l'information sociale (AJIS), le 4 février, les représentants de l'aide à domicile et du handicap ont souligné une nouvelle fois leur inquiétude face à l'urgence.
Alors que le projet de loi grand âge et autonomie prévu pour 2021 est reporté à l'issue de la crise sanitaire et qu'une nouvelle mission vient d'être confiée au président du Haut Conseil du financement de la protection sociale Dominique Libault, les associations mènent des vastes campagnes de lobbying parlementaires. L'Una a récemment lancé une campagne invitant la société civile à faire pression sur les élus. Une campagne très bien relayée par les unions territoriales, les associations. Marie-Pierre Tillon, présidente, indique avoir reçu des courriers de sénateurs suite à cette interpellation mentionnant le fait qu'ils avaient écrit au ministre.
Pour Annabelle Malnou-Vêques, directrice de la Fnadepa, « le calendrier parlementaire semble bouché et ne permet pas d'envisager une plage dédiée ». Elle aussi avait lancé une campagne en janvier dernier « Stop au blabla, faites notre loi », stoppée dans l'oeuf à cause de la crise sanitaire. En revanche, la fédération dit rencontrer les élus, parlementaires pour peser sur ce débat, et prévoit dans quelques semaines le lancement d'une plateforme politique. Le but : transmettre des propositions en terme de parcours, de gouvernance et maintenir la pression. « Nous avons trois enjeux majeurs : l'équité des usagers, la proximité territoriale et la transversalité entre le sanitaire et le médico-social ».
Créer des politiques transversales
Après les quelques réunions qui se sont tenues en 2020 sur le projet grand âge et autonomie, la Fnadepa insiste sur la nécessité d'une transversalité des politiques. « Aujourd'hui, il faut construire une politique de l'autonomie qui tienne compte des besoins de la personne. Nous avons une urgence démographique. Il faut proposer des mesures dédiées au secteur du grand âge comme à celui du handicap. » Pour Annabelle Malnou-Vêques, « si le calendrier est remis en cause, c'est davantage une question budgétaire. Or la loi est un symbole majeur », dont les professionnels ont besoin alors qu'ils sont épuisés après une année de crise sanitaire.
L'attractivité des métiers, urgence des urgences
Le problème en 2021 est plus que jamais la question de l'attractivité des métiers. « Il n'y a pas assez de professionnels pour s'occuper des personnes âgées. Le vieillissement est systématiquement relayé au second rang », ajoute Annabelle Malnou-Vêques.
« Aujourd'hui, nous sommes obligés de trier les personnes. Nos services en sont là. Et c'est calamiteux », confirme Marie-Pierre Tillon. « L' attractivité des métiers du domicile est la priorité du moment ». Pourtant, le plan pour les métiers du grand âge ne propose aucun élément ni de calendrier ni financier. Il n'intègre pas non plus les professionnels du domicile et des résidences autonomie. « Ce n'est pas tolérable de laisser les professionnels dans une situation aussi précaire. Comment des personnes en difficulté peuvent-elles intervenir sereinement chez des personnes fragiles ? On ne peut pas accompagner correctement, être disponible quand on est soi-même en difficulté ». Les regards sont dès lors tournés vers Michel Laforcade, dont l'expertise est partout reconnue.« Nous espérons qu'il émettra des propositions concrètes accompagnées d'un levier pratique et financier. Et que ses recommandations seront enfin mises en musique », ajoute Annabelle Malnou-Vêques.
En attendant, la Fnadepa confirme deux défis majeurs : l'augmentation du nombre de professionnels formés intervenant auprès des âgés, et la création de davantage de fluidité et de transversalité entre le domicile et l'ehpad.