L'ex-DG Yves Le Masne a selon Le Canard Enchainé vendu près de 600 000 euros d'actions en apprenant le projet du livre Les Fossoyeurs.
Orpea : le scandale n'en finit pas de feuilletonner
Le scandale Orpéa n'en finit pas de feuilletonner et Brigitte Bourguignon ne décolère pas. Après avoir reçu mardi matin, Philippe Charrier le nouveau PDG du groupe, convoqué, accompagné de Jean-Christophe Romersi, directeur général pour la France, la ministre déléguée à l'Autonomie a redit « son dégoût » sur LCI.
Les deux dirigeants du groupe « ne se remettent pas en question, ont l'air de dire qu'ils ont des explications pour tout, des preuves pour tout », a-t-elle déploré. Je leur ai bien expliqué d'abord notre colère, ma colère, mon émotion et surtout qu'ils avaient peut-être des actionnaires à rassurer, mais que, moi, c'est des gens, des résidents, des familles inquiètes que je dois rassurer ». Et interrogée sur les révélations du Canard Enchaîné parues le matin même, elle a dénoncé le « cynisme pur » des dirigeants du groupe à propos de la vente de ses actions par l'ex-DG Yves Le Masne pour près de 600 000 euros dès qu'il avait appris le projet de livre « Les Fossoyeurs ».
De son côté, l'entreprise qui argumente sur le mode « La perfection en matière d'humain n'existe jamais » a publié, mardi, un communiqué d'une pleine page dans Le Parisien pour affirmer que des « manquements » pouvaient exister, mais que les familles pouvaient être rassurées, car « partout, toujours, dès que nous avons connaissance d'un dysfonctionnement, nous prenons toutes les dispositions pour y remédier ».
Longuement auditionnés par la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale cet après-midi, Philippe Charrier et Jean-Christophe Romersi s'en sont tenus à cette ligne : des cas particuliers, pas de « système Orpea qui consisterait à optimiser le profit en rationnant nos prestations », a juré le nouveau PDG.
Dans un communiqué titré « Orpea, rien ne change, leur seule préoccupation reste le profit même en pleine tempête », la Fédération de la Santé et de l'Action Sociale CGT déplore par ailleurs qu'à l'heure où la pénurie de personnels soignants se fait sentir partout en France et en Europe, « Orpea se paye le luxe de licencier tout salarié qui viendrait revendiquer de moyens pour exercer ses missions » et dit se réserver le droit de porter plainte contre Orpea « concernant les méthodes antisyndicales », mais également « contre le syndicat maison Arc-en-Ciel ainsi que ses délégués qui se sont rendus acteurs de fraudes ou complaisance coupable ». Ces comportements « ont participé à la non-manifestation de la vérité sur les graves agissements du système Orpea ». Elle conclut à l'urgence d'« abolir ce secteur lucratif pour les Ehpad et de le confier au secteur public ou non-lucratif ».
Le scandale a également depuis quelques jours des répercussions en Belgique francophone, le gouvernement régional de Wallonie a ordonné la semaine dernière des visites de contrôle inopinées dans les 18 « maisons de repos » gérées par Orpea dans la région. Douze ont déjà été inspectées, et l'une d'elles a fait l'objet d' "un avis très préoccupant", a dit mardi la ministre de la Santé wallonne, Christie Morreale, devant le Parlement régional.