L'IRDES1 publie les premiers résultats de son étude d'impact du dispositif PAERPA. Expérimenté dans 16 territoires pilotes, il étudie 9 critères (3 sur le recours à l'hospitalisation et 4 sur l'organisation des soins primaires). Aucun résultat imputable au seul dispositif PAERPA ne semble se dessiner.
PAERPA : un bilan en demi teinte
L'étude montre des effets dans certains territoires (baisse de la polymédication dans le Nord et l'Aquitaine ; augmentation des passages aux urgences sans hospitalisation derrière en Lorraine) ...mais ces effets sont-ils seulement imputables au PAERPA ?
Les expérimentations Parcours santé des aînés (Paerpa), lancées en 2014 dans neuf territoires pilotes, visent à améliorer la prise en charge et la qualité de vie des personnes âgées de 75 ans et plus et de leurs aidants en faisant progresser la coordination des différents intervenants des secteurs sanitaire, social et médico-social au niveau local.
L'évaluation des impacts médicaux et économiques des projets pilotes, prévue dans le cahier des charges Paerpa, renvoie à des enjeux méthodologiques multiples en raison du nombre et de la diversité des acteurs impliqués, de la variété des interventions déployées dans chaque territoire, et de l'hétérogénéité des territoires sélectionnés parmi un ensemble de territoires volontaires.
Les premiers résultats observés à partir des données 2015 et 2016, années correspondant à la montée en charge des expérimentations, ne permettent pas d'établir un effet moyen significatif propre à Paerpa sur les indicateurs de résultats retenus lorsqu'on étudie l'ensemble des territoires.
Néanmoins, les analyses par territoire permettent de déceler des effets significatifs dans quelques-uns d'entre eux, notamment pour les indicateurs de résultats les plus sensibles aux soins primaires.
Les analyses par territoire permettent néanmoins de déceler des effets significatifs dans certains territoires et pour les indicateurs de résultat les plus sensibles à la mobilisation des acteurs de soins primaires. Dès 2015, la polymédication baisse de façon significative dans les territoires Paerpa d'Aquitaine et du Nord - Pas-de-Calais. Dans un contexte d'amélioration générale de ces indicateurs de polymédication, l'évolution est significativement plus favorable dans ces territoires comparativement aux territoires témoins. Le territoire du Nord - Pas-de-Calais se distingue par un niveau élevé de polymédication avant l'expérimentation (34 % des personnes âgées en 2013). Le territoire a développé des actions spécifiques autour de la iatrogénie médicamenteuse dès 2014 à différents niveaux (DSS, 2018). Le territoire d'Aquitaine (Bordeaux), avec un niveau initial moins élevé de polymédication (23 %), a développé également des actions spécifiques sur le médicament qui s'accompagnent également d'un investissement important sur l'articulation ville-hôpital et sur les systèmes d'information.
Les résultats de l'évaluation montrent que le changement inter-organisationnel et professionnel dans le système de santé prend du temps. Le temps écoulé entre le lancement de l'expérimentation et la mise en place opérationnelle des dispositifs a été de dix-huit mois en moyenne (DSS, 2018). Les structures nouvelles ne peuvent être efficaces que si les professionnels qui y sont impliqués sont prêts à changer leurs pratiques. C'est pourquoi il ne faut pas sous-estimer le défi de la construction d'un terrain d'entente entre différents groupes de professionnels. Le croisement de ces résultats avec les analyses qualitatives et les données de déploiement des dispositifs suggère que la différence de " maturité " entre les territoires peut être un facteur déterminant.