Consommation d'alcool, tabagisme, troubles du sommeil, stress... L'état de santé des professionnels de santé - et tout particulièrement celui des aides-soignants et infirmiers - est alarmant.
Personnels soignants : un carnet de santé inquiétant
Ça ne va pas fort, côté santé, pour les personnels soignants... Selon le 4e «Baromètre Carnet de santé des Français et des personnels hospitaliers*», publié le 10 décembre, « 38% des personnels hospitaliers ont été malades au cours des deux derniers mois ». Soit quasiment le double comparé à « la population générale et c'est six points de plus que l'année dernière à la même époque ».
Les aides-soignants et les infirmiers qui prennent respectivement 24 et 14 jours d'arrêt de travail par an,représentent les groupes professionnels les plus atteints par les problèmes de santé, comparativement aux autres professions.
En matière de prévention santé, le bilan est également mauvais. Ainsi, 2 soignants sur 5, et même 3 médecins sur 5 (spécialistes ou généralistes), n'ont pas de médecin référent. « Quand on connaît les recommandations concernant la vaccination et quand on sait qu'évidemment les professionnels de santé sont particulièrement exposés aux virus, on est frappé de constater le faible taux de couverture vaccinale sur l'ensemble de l'échantillon », souligne l'étude. Ainsi, à la question « vous faites-vous vacciner contre la grippe ? », 53% répondent "non", 36% "oui, tous les ans" et 16% "oui mais pas tous les ans". Plus de 6 infirmiers et aides-soignants sur 10 répondent par la négative.
Comportements à risque
Nombreux sont les professionnels de santé qui ont des comportements à risque alors qu'ils les combattent auprès de leurs patients. En effet, 1 médecin sur 10 déclare consommer de l'alcool "tous les jours ou presque", et 18% des spécialistes comme 18% des généralistes, en consomment "plusieurs fois par semaine". Plus d'un soignant sur dix (12%) fume quotidiennement, un chiffre qui double chez les infirmiers (20%) et aides-soignants (22%) "pour rejoindre les niveaux observés dans la population générale", selon l'enquête. L'absence d'activité sportive concerne par ailleurs plus d'un tiers des soignants (35%) et plus d'un aide-soignant sur deux (56%).
Pour noircir davantage le tableau, les professionnels de santé reconnaissent également des troubles du sommeil. Ainsi, 23% des soignants disent avoir des difficultés à dormir tous les jours ou presque. Les professions les plus touchées sont les infirmiers (28.8%) et les aides-soignants (36.4%à.
Côté conditions de travail, près de 6 professionnels de santé sur 10 travaillent le week-end (15% "presque toujours" et 44% "régulièrement"), un chiffre qui "culmine" à 9 sur 10 chez les infirmiers et les aides-soignants. Ces derniers «représentent, de loin, les groupes professionnels les plus frappés par les problèmes de santé», note l'enquête. En moyenne, les professionnels de santé ont pris 7,5 jours d'arrêt de travail au cours des 12 derniers mois (14,3 jours à l'hôpital contre 3,5 en libéral), les aides-soignants et les infirmiers ayant pris respectivement 24 et 14 jours d'arrêt.
Etat d'urgence pour les EHPAD
16 millions d'euros de crédits seront consacrés annuellement dès 2018 au financement d'actions pour améliorer la qualité de vie au travail des personnels dans les EHPAD. « Cette démarche s'articulera avec les actions de la Caisse nationale d'assurance-maladie pour accompagner 500 EHPAD dans la réduction des risques de troubles musculo-squelettiques et des risques psycho-sociaux », a rappelé Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Rappelons que, le taux de sinistralité dans les EHPAD est passé de 94,6 pour 1 000 salariés en 2016 à 97,2 en 2017, alors que la fréquence d'accidents avec arrêt s'est établie à 33,4 pour 1 000 en moyenne dans les autres secteurs. Si le BTP, régulièrement mis en parallèle avec les EHPAD, a vu sa sinistralité reculer de plus de 3% en 2017, les établissements sont eux confrontés à une augmentation des accidents du travail, signe d'une dégradation des conditions de travail.