Mardi 30 mars, Madame Annie Vidal, députée de Seine-Maritime, a confié à Géroscopie une Tribune libre pour un meilleur accompagnement des personnes vulnérables.
Plaidoyer pour un accompagnement bientraitant et bienveillant des personnes vulnérables
"La crise de la covid-19 a mis en lumière la vulnérabilité de certaines personnes et la maltraitance dont elles peuvent être victimes. La députée de Seine-Maritime, Annie Vidal, travaille sur le sujet depuis plusieurs années, notamment en tant que membre de Commission pour la promotion de la bientraitance et la lutte contre la maltraitance. Alice Casagrande, sa présidente, est aujourd'hui auditionnée à la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. A cette occasion, la députée revient sur ce phénomène complexe et indique souhaiter prolonger les travaux de la mission pour promouvoir une société de la bientraitance.
Tirer les leçons de la crise sanitaire
L'épidémie de Covid-19 a été une épreuve pour tous les Français : en seulement quelques mois, elle a bouleversé notre quotidien, nos relations sociales et nos projets de vie. Mais elle a surtout été particulièrement rude pour les plus vulnérables d'entre nous : les personnes âgées et handicapées. Elle a mis en lumière l'isolement et la solitude que certains ressentaient déjà, ainsi que des situations de maltraitance qui peuvent en résulter. La prise de conscience qui a émergé à partir des témoignages doit nous inciter à développer la bientraitance dans l'accompagnement des personnes, basée sur la compréhension et la considération de l'autre. Ce n'est que par une profonde transformation de nos approches que nous pourrons réagir collectivement, mieux prévenir la maltraitance et construire une société plus humaine et plus solidaire.
La maltraitance, un phénomène complexe et multifactoriel
Comprendre en mettant des mots sur ce phénomène : c'est le travail que nous avons effectué au sein de laCommission pour la promotion de la bientraitance et la lutte contre la maltraitance. Nous avons élaboré une définition et un vocabulaire partagé de la maltraitance pour les secteurs de l'enfance, de l'âge et du handicap. En effet, la maltraitance ne recouvre pas seulement des atteintes délibérées aux personnes, elle peut aussi résulter d'actes involontaires ou inconscients, issus de comportements individuels ou collectifs. Elle peut avoir lieu en institution ou au domicile, par des intervenants professionnels ou des même des proches. Par ailleurs, la conscientisation de cette maltraitance par les victimes elles-mêmes est parfois difficile, par déni ou par peur de représailles. La connaissance de la maltraitance est donc un préalable indispensable à la promotion de la bientraitance. Cette réflexion éthique doit en outre se développer au sein des établissements et services médico-sociaux et de la société au sens large.
Remettre la bientraitance au coeur de l'accompagnement et des soins
Plusieurs évolutions doivent être déclenchées pour que la bientraitance soit remise au coeur de l'accompagnement des personnes fragiles dans notre société. Il faut d'abord renforcer la vigilance et la compétence des acteurs variés qui interviennent, par la formation et la sensibilisation. Il faut aussi mieux coordonner l'ensemble de ces acteurs, pour faciliter les signalements de maltraitance. Enfin, nous devons mieux nous assurer du respect des droits individuels des personnes vulnérables, qui doivent être considérées comme des citoyens à part entière, maîtres de leur vie. Elles doivent prendre toute leur part à notre réflexion éthique et collective pour transformer en profondeur les mentalités. Car j'en suis convaincue, ce n'est qu'ensemble que nous pourrons porter ce sujet si essentiel de la bientraitance, construire une société du prendre soin et du lien et envisager l'avenir avec plus de sérénité."