Une étude de l'Irdes décrit le travail ordinaire des aides à domicile, aides-soignantes et infirmières intervenant à domicile avant de saisir les rapports qu'elles entretiennent entre elles, dans différents contextes d'exercice.
Plongée dans le quotidien de trois groupes professionnels intervenant à domicile
Alors que la crise sanitaire a rappelé avec acuité l'importance de la prise en charge à domicile de personnes atteintes de maladies chroniques ou en perte d'autonomie, une enquête sociologique qualitative de l'Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes), réalisée en 2020, propose de plonger dans le quotidien de trois groupes professionnels (aides à domicile, aides-soignantes et infirmières) intervenant dans les soins à domicile, rarement mis sur le devant de la scène. Publiée il y a quelques jours, elle est signée de Matti Suchier et Lucie Michel, tous deux sociologues chargés de recherche (avec la collaboration de Cécile Fournier). Commanditée par le Haut Conseil pour l'avenir de l'Assurance maladie (Hcaam), son objectif était d'étudier la division du travail entre trois groupes professionnels jouant un rôle dans la prise en charge des patients en soins primaires.
Les auteurs s'emploient d'abord à décrire le travail ordinaire des professionnelles étudiées, avant de saisir les rapports qu'elles entretiennent entre elles, dans différents contextes d'exercice. Leur travail et leurs relations professionnelles apparaissent étroitement liés à la structuration de l'offre de soins à domicile, aux modes de financement de leur exercice et à des hiérarchies implicites entre les professionnelles, dressant de nombreux obstacles à la mise en place d'un exercice coordonné. Certaines organisations s'appliquent toutefois à favoriser l'émergence de dynamiques interprofessionnelles dont l'étude montre les ressorts, même si elles restent entravées par la prééminence de dynamiques mono-professionnelles.
Interrogés dans un intéressant « 3 questions », les deux auteurs confirment, exemple de la toilette à l'appui, que « les frontières entre les différentes tâches qu'effectuent ces trois groupes professionnels sont bien plus floues qu'on ne pourrait le penser » et que « s'il existe des organisations, comme des fédérations d'associations intervenant à domicile, dont l'histoire longue a permis le développement d'un exercice coordonné et de coopérations interprofessionnelles, les professionnelles interrogées témoignent davantage de l'isolement qu'elles ressentent et qu'elles vivent ».