La crise sanitaire du Covid-19 a malheureusement mis une nouvelle fois en lumière un système d'organisation défaillant lié à la fragilité structurelle du secteur médicosocial, avec comme première réaction la volonté de désigner des responsables. Convaincu que ces règlements de compte ne feraient pas avancer la cause de l'âge, le sociologue Serge Guérin a appelé Philippe Denormandie et Véronique Suissa, pour leur proposer de lancer les États généraux de la séniorisation « avec l'objectif qu'un collectif fasse des propositions au gouvernement de manière constructive, autrement dit sans volonté de polémiquer ».
« Porter collectivement les valeurs humaines au service de la société de longévité »
Personnalités, membres d'associations, professionnels d'établissements médico-sociaux, représentants d'organismes institutionnels, élus... ont été nombreux à s'associer à une démarche qui avait aussi pour ligne directrice de « donner la parole aux premiers concernés, à savoir les personnes âgées. Notre mouvement, représentatif de 6 millions de personnes (de plus de 75 ans), regroupe des structures qui fédèrent elles-mêmes des dizaines voire des centaines de milliers d'adhérents. Nous voulons faire bouger les lignes, poursuit Serge Guérin. Le projet de loi Grand âge et autonomie devra intégrer les leçons de la crise du Covid-19. Évitons la production de rapports supplémentaires et exprimons dès à présent les urgences des acteurs du terrain ».
Dès la fin du mois d'avril, 52 propositions ont été soumises au vote des citoyens et 58 contributions « très riches et très diverses » étaient publiées. Le 9 mai, le rapport national, articulé autour de deux grandes parties - Pour une politique efficiente et bienveillante du grand âge ; Pour une analyse globale, transverse et transpartisane - était prêt. Avec, comme principaux mots d'ordre : placer la personne âgée au coeur de la société, renforcer les métiers du soin auprès des aînés ou encore instaurer une politique nouvelle « de?cloisonne?e, coope?rative et solidaire ». « Nous avons gagné notre pari collectif. La vie politique est aussi un rapport de force. Au sortir de la crise, le gouvernement va devoir gérer un nombre de priorités incroyables. Ceux qui sortent les premiers seront peut-être les plus entendus. Notre collectif participe à la volonté de contribuer à ce rapport de force au sens le plus pacifique et le plus politique du terme, celui du vivre-ensemble dans la cité », conclut Serge Guérin.