En milieu rural, les réponses à la perte d'autonomie passent d'abord parfois par le bouche à oreille. Néanmoins la question de fond reste entière : combien de temps peut durer la vie à domicile ?
" Pour rester chez eux, mes parents auraient besoin d'une seconde personne. Ce n'est pas possible."
" Mais comment font ceux qui n'ont pas les moyens ? " De quoi parle donc Frédéric B. ? De l'accompagnement de la perte d'autonomie. Ce chef d'une entreprise du Loiret connaît bien le sujet. " Ma mère, 84 ans, a la maladie de Parkinson, explique-t-il. Elle ne peut pas se nourrir seule. Elle souffre aussi d'un début de démence. Mon père lui a 82 ans et il est valide, mais il ne peut pas assurer l'intendance tout seul. D'autant qu'il faut être très vigilant pour les médicaments : respecter les heures de prise, la posologie,..." Ajoutons que le couple vit dans une maison isolée, à trois kilomètres d'un bourg. Que Frédéric B. vit à 150 km de là, sa soeur à 300 km. Le troisième enfant est lui resté à proximité.
L'été dernier, la famille se concerte pour trouver la meilleure solution... sans aide extérieure. En effet, CLIC, consultation mémoire, réseaux gérontologiques ou APA sont autant de termes inconnus. De la discussion sort une certitude : pas question de maison de retraite, il faut un soutien à domicile régulier. Par le bouche à oreille, la famille trouve une auxiliaire de vie. Depuis septembre, Stéphanie L., 21 ans, intervient donc auprès du vieux couple. " Stéphanie est présente cinq heures par jour du lundi au vendredi (toilette, déjeuner, dîner et de nouveau toilette) et deux heures et demi le samedi, précise Frédéric B. Ces horaires sont possibles car mes parents lui louent pour une somme modique une petite maison près de chez eux. " Après sept mois, le bilan est positif, même si la jeune femme n'a pas de formation sur la prise en charge des personnes âgées. " Nous avons eu de la chance !, s'exclame Frédéric B. Stéphanie est jeune mais très patiente. Ce n'est pas évident de s'occuper des personnes âgées..."
L'organisation et la maladie semblent donc stabilisées. Certes la vieille dame a quelques lubies. Ainsi quand elle a eu son lit médicalisé, elle a pensé pendant quelques heures qu'elle n'était plus chez elle. Toutefois, l'avenir est incertain. " Que ferons-nous si la situation s'aggrave ?, s'inquiète le chef d'entreprise. Maman devra entrer en maison de retraite. Pour rester chez eux, mes parents auraient besoin d'une seconde personne. Ce n'est pas possible : ils laissent déjà leur retraite dans le salaire de l'auxiliaire de vie. Financièrement c'est très compliqué pour les familles ! Hélas ce sujet n'a pas été abordé dans la campagne électorale. Quand la génération " baby-boom " sera dépendante, il y aura un vrai problème de société ! "
A plus court terme, un autre problème préoccupe Frédéric. B. : les congés d'été de Stéphanie se profilent. Les amis du couple viendront la relayer, les frères et soeurs assureront eux aussi un peu de présence. Preuve qu'aujourd'hui comme demain, la prise en charge passera toujours en partie par la solidarité.