Santé publique France et le réseau CClin-Arlin publient les résultats de la première enquête épidémiologique nationale sur la prévalence des infections associées aux soins et des traitements antibiotiques en EHPAD en 2016. Son objectif : proposer des données nationales de référence utiles pour dégager des pistes d'amélioration. Ses résultats seront livrés tous les 5 ans.
PRÉV'EHPAD livre ses premiers résultats
Menée entre mai et juin 2016, l'enquête Prév'Ehpad a été réalisée auprès des 28 277 résidents d'un échantillon de 719 EHPAD tirés au sort. 50,9% d'entre eux sont de statut public, 27,2 % privés à but non lucratif, 21,9 % privés et 27,9% sont rattachés à un établissement de santé.
La disponibilité des solutions hydro-alcooliques (99,5 %) semble une pratique acquise. 90,3 % compte également dans leurs effectifs un médecin coordonnateur et 89,7 % une infirmière coordonnatrice (89,7 %). Il existe cependant une forte marge de progression pour l'accès à une expertise en hygiène (64,6 %), la présence d'un correspondant en hygiène (59,4 %) ou l'accès à un référent en antibiothérapie (45,3 %).
La prévalence nationale des résidents présentant au moins une infection active le jour de l'enquête est estimée à 2,93 % (IC95% [2,57-3,29]). Elle varie de 0 à 21,1 % selon les EHPAD répondants, sans disparité régionale significative.
La prévalence des infections (un résident peut avoir plusieurs infections) est de 3,04 % (IC95% [2,65-3,42]) : 36,9 % d'infections urinaires, 24 % d'infection respiratoires basses, 11 % de pneumonies, 20,4 % d'infections de la peau et des tissus mous, 5,6 % d'infections d'escarre, 1,3 % d'infections liées au cathéter, 0,3 % de gale et 0,1 % d'infections à Clostridium difficile . Les germes les plus fréquemment observés pour les infections urinaires confirmées par un examen cytobactériologique des urines (68,8 %) sont Escherichia coli, Proteus mirabilis et Klebsiella pneumoniae.
L'étude révèle que la prévalence nationale des résidents avec au moins un traitement antibiotique en cours par voie générale le jour de l'enquête est estimée à 2,76 % (IC95% [2,46-3,07]), sans variation significative entre les différentes régions.
Dans la majorité des cas, le traitement se fait par voie orale (85,1 %) et les principaux sites ciblés par les antibiotiques sont pulmonaire (36,2 %), urinaire (33,3 %), de la peau et des tissus mous (14,8 %).
Parmi les principales familles d'antibiotiques, les plus prescrites sont les céphalosporines de 3e génération (20,9 %, dont 12,9% de ceftriaxone), suivies des pénicillines A (19,0 %), de l'amoxicilline-acide clavulanique (16,0%), des macrolides et apparentés (12,3%) et des fluoroquinolones (11,4%).
Les traitements prophylactiques sont fréquents (13,7 %), essentiellement à visée urinaire. La durée des traitements curatifs, au jour de l'enquête, dépasse 7 jours dans 34,4 % des cas et la réévaluation systématique dans les 3 jours n'est réalisée que dans 31,4 % des cas.