Il ne faut pas de tout pour faire un monde...Il faut du bonheur et rien d'autre ! " Paul Eluard auteur de cette citation un peu ironique, avait rebondit sur une pensée collective. Bien évidemment qu'il faut de tout pour faire un monde, et bien évidemment que chacun souhaite du bonheur et rien d'autre ! Et ce bonheur chacun peut le souhaiter, le rechercher, différemment.
Le grand âge n'échappe pas à ce débat. " Privé, public " en termes d'hébergement, quel choix ? En publiant dans ce numéro un dossier sur les grands groupes d'EHPAD privés nous y contribuons. Avec un éclairage aussi objectif que possible. Car ce débat n'est pas simple. Concrètement qu'elle est la question essentielle ? Elle n'est pas seulement économique. Elle est avant tout de savoir ce que nous souhaiterons au moment où nous franchirons la frontière du grand âge et de la dépendance. Établissement ou domicile ? La réponse est déjà écrite ! L'État doit il penser et imposer des schémas préétablis, ou doit il prévoir et s'adapter en conséquence en laissant " le marché " décider. Les études, missions et plans sont souvent des indicateurs à long terme, qui bien évidemment subissent les aléas et les controverses du court terme... Surtout en France !
Le choc de la canicule en 2003 fut incontestablement le socle d'une prise de conscience collective. Il s'en suivit le plan vieillissement solidarité en novembre 2003 qui prévoyait l'ouverture de 10 000 places en établissements entre 2003 et 2007... Et depuis, cet indicateur est devenu la référence en matière de promesses et réalisations. Enfin le premier rapport du commissariat au plan en juillet 2005 éclairait la route, et chiffrait les besoins à long terme. Alors ce débat ? En contribution au PLFSS, la Fédération Hospitalière de France s'inquiétait de l'emprise du secteur privé dans le domaine des EHPAD et de constructions non coordonnées, craignant un abandon de la mission de service public. La démarche est légitime. Mais au fond, là aussi la vraie question est bien de savoir si l'État a les moyens d'assumer cette mission seul, alors qu'il finance actuellement des autorisations qu'il a accordées voilà deux ou trois ans. Les investisseurs privés ont été, disons le, encouragés face aux besoins importants estimés. Ils disposent d'une capacité de financement imposante et intéressée. Pourquoi le nier ! Faut-il aujourd'hui les contraindre. Par contre ne peut-on croire en une régulation naturelle et saine. Actuellement, deux paramètres sont essentiels : le reste à charge pour le résident et sa famille, et le " taux d'occupation " d'un établissement, et plus concrètement son activité. Ce terme est à lui seul l'indicateur qui devient le plus discriminant et le plus déterminant. Plus que toute autre régulation officielle. Le " taux d'occupation moyen " pour les groupes privés serait actuellement de 95 %... ce qui pourrait sembler important et suffisant. Et qui pourtant est quasi rédhibitoire à long terme ! Ces 5 % d'écart peuvent faire trembler bien des ambitions...
Alors, la différenciation se fera sur quoi ? Sur le budget d'abord, sur la qualité ensuite, donc sur le " bouche à oreille " qui demeure le meilleur réseau qui puisse exister, fruit du travail des équipes. Et bien évidemment sur l'innovation. Le concept " Korian essentiel " en est un exemple. Il faut faire bouger les lignes. La logique, associée à une régulation raisonnée et nécessaire de l'état sera le meilleur régulateur pour un juste équilibre du paysage de demain.