Qui sont les proches aidants ? Quel écosystème se met en place autour de l'aidé ? Pourquoi les questions d'argent sont-elles taboues... L'Observatoire du groupe BPCE publie une analyse sociétale, comportementale et économique inédite.
Proches aidants : de la relation privée à l'enjeu de société
Evolutions démographiques à venir, équilibre économique de la prise en charge de la perte d'autonomie difficile à trouver : le rôle essentiel des proches aidants, accentué par la crise sanitaire liée à l'épidémie de la Covid-19, est amené à s'élargir et à se transformer dans les prochaines années.
L'Observatoire du groupe de banque et d'assurance BPCE livre ses premiers travaux sur le sujet, issus de deux enquêtes inédites menées fin 2020 : l'une quantitative auprès de 1 216 aidants et de 2 025 Français de plus de 15 ans, menée avec l'Institut BVA ; l'autre qualitative menée avec le Credoc auprès de 30 aidants ou anciens aidants, à travers des entretiens semi-directifs longs.
Publiée le 19 mai, l'étude ne se cantonne pas à l'économie de l'aidance... Les auteurs, Alain Tourdjman et Perrine Lantoine spécialistes des comportements financiers des ménages et des entreprises, s'efforcent de croiser analyse économique et démarche comportementale sur ces « agents économiques » bien peu étudiés sous cet angle.
Leur étude s'articule autour de trois grands chapitres, abondamment illustrés de graphiques et ponctués de nombreux témoignages :
Un enjeu de société : cette partie dresse un cadre général de la place des aidants dans notre société. La prise de conscience de l'ampleur du phénomène, amené à s'amplifier dans les années à venir, s'accompagne d'un engagement croissant des pouvoirs publics et des employeurs.
Histoires et parcours de vie : l'étude explore la diversité des situations d'aide, à travers leur configuration, les parcours mais aussi les vécus. Selon la typologie de l'étude, cinq groupes d'aidants se détachent : les Dédiés, les Submergés, les Sereins, les Épanouis et les Veilleurs.
L'argent dans la relation d'aide : ce volet met en évidence la prégnance des préoccupations financières, qui tranche avec la quasi-absence de vraies discussions autour de l'argent. Les pratiques relèvent généralement de l'informel, qu'il s'agisse d'argent au quotidien ou de patrimoine.
Au terme de cette première étude sur les aidants, six points clés méritent particulièrement d'être mis en exergue concluent les auteurs :
1. La notion d'aidant est aujourd'hui bien installée dans la société française ;
2. C'est un enjeu majeur pour les employeurs ;
3. La dimension humaine et la pluralité des situations d'aide constituent des données fondamentales ;
4. Les questions d'argent sont très présentes, mais le plus souvent sous-estimées ;
5. Le poids de l'aide repose encore majoritairement sur les femmes ;
6. L'organisation de l'aide, souvent implicite et informelle, gagnerait à être mieux objectivée, en clarifiant les notions de droit
Ces constats « plaident pour une approche ouverte et pragmatique, écrivent-ils : l'enjeu n'est pas tant de définir les aidants - c'est l'écueil possible de la création d'un statut - que de créer un écosystème d'acteurs et de dispositifs susceptibles de s'adapter à cette pluralité et d'identifier les situations les plus à risque ».