Göttingen évoque peut être pour vous la chanson mélancolique de Barbara, ode au pardon et à l'amitié entre les peuples doublé d'un regard apaisé sur l'enfance dans la ville des frères Grimm.
"Projectiles contagieux"
Göttingen est aussi la ville où un des pères de l'hygiène fit ses études de médecine à savoir Carl Flügge. C'est en 1890 qu'il démontre que même en parlant normalement un individu projette des particules issues de ses voies respiratoires, que l'on appelle depuis gouttelettes de Flügge. Tout le monde connait la sensation désagréable liée à la réception en des endroits divers de son visage des postillons d'un interlocuteur trop enthousiaste. La gouttelette part du même principe mais en version tsunami puisqu'elle provient de l'effort de toux d'un individu peu au fait de l'étiquette respiratoire.
S'il nous reste quelque chose de la pandémie grippale de 2009 c'est bien le réflexe du tousseur de se détourner de ses interlocuteurs en positionnant sa bouche au sein de son pli du coude. Cela n'est pas forcément du meilleur effet sur un costume en cashmere mais cela évite d'avoir la main entièrement recouverte de virus prêts à disséminer dans l'environnement.
Le professeur masqué
Un des premiers à avoir tiré toutes les conséquences des théories de Flügge n'est autre que le français Paul Berger. Professeur de chirurgie à l'hôpital Tenon, on le considère comme ayant le premier porté un masque chirurgical lors d'une intervention en 1897. Il disait alors que ces gouttelettes provenant de la bouche de l'opérateur ou de son assistant étaient probablement à l'origine des infections qui survenaient malgré des conditions d'asepsie jugées satisfaisantes. Il s'agissait à l'époque d'une compresse rectangulaire de six couches de gaze, cousue à son bord inférieur à un tablier en lin stérilisé et maintenue à son bord supérieur contre la racine du nez par des cordes attachées derrière le cou. Le masque chirurgical est depuis sorti des seuls blocs opératoires pour devenir un moyen de prévention majeur de la dissémination des pathologies respiratoires permettant à la fois de protéger celui qui le porte des gouttelettes d'autres personnes et de réduire leur dissémination s'il est lui-même infecté. Outre la grippe saisonnière, la coqueluche ou encore la méningite à méningocoque se transmettent via ces particules respiratoires de calibre élevé.
La Société française d'hygiène hospitalière a rappelé en 2013 les bonnes pratiques de prévention. Le soignant qui entre dans la chambre d'un patient suspect ou atteint d'une affection relevant de "précautions gouttelettes" doit désormais porter un masque chirurgical dès l'entrée dans la chambre. En effet si la zone de projection usuelle de ces particules est de l'ordre de 1,5 mètre vous n'êtes pas à l'abri de rencontrer un champion de l'exercice et on a décrit lors d'un éternuement des particules contagieuses allant jusqu'à six mètres de leur émetteur. Prudence donc !
Et vous, vous êtes au clair avec le port du masque ?
En savoir plus:
http://www.sf2h.net/publications-SF2H/SF2H_recommandations_air-ou-gouttelettes_2013.pdf