Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l'Autonomie, a reçu mardi 2 février le document-repère élaboré dans le cadre de la mission confiée à Fabrice Gzil et Alice Casagrande « Pendant la pandémie et après : quelle éthique dans les établissements accueillant des personnes âgées ? »
Quand l'éthique guide les Ehpad
En introduction, et avec délicatesse, Brigitte Bourguignon a rappelé les objectifs de la démarche. « Jamais il ne sera question de juger des professionnels qui ont continuellement agi au mieux de ce qu'ils pouvaient faire, et votre document porte en lui cette volonté : leur proposer avec modestie, des repères, des pistes de réflexions, un guide pour l'action. Cette ressource nous est plus que précieuse. »
Si elle s'oppose avec virulence aux questions soulevées par la crise et à l'opposition suggérée des générations, elle entend ici rappeler la citoyenneté de tous. « Vouloir traiter différemment nos aînés, c'est mettre un coup de canif dans le contrat social. « Protéger sans isoler », c'est tenir compte des fragilités de chacun et garder à l'esprit que, par-delà ces différences, nous formons une seule et même communauté de destin. »
Envisager la sortie crise par une réflexion éthique
Et c'est bien là l'intérêt de ce document repère. Si la vaccination est une piste évidente pour contenir les formes graves de l'épidémie, les effets psychologiques et traumatiques de la crise seront durables, tant pour les personnes âgées que pour les professionnels mobilisés depuis des mois. « Les professionnels se sont sentis démunis face aux mesures à mettre en oeuvre. Malgré cela, ils ont oeuvré pour maintenir un accompagnement de qualité, au plus proche des besoins des personnes », a indiqué Brigitte Bourguignon dans son discours introductif.
Ce document repère vise à soutenir l'engagement et la réflexion des professionnels qui depuis le début de la crise sanitaire souffrent de ne pouvoir accompagner les résidents « selon les standards habituels de ce qu'elles considèrent comme un bon soin, comme un accompagnement digne ». Si ces questionnements éthiques sont déjà nombreux, en temps ordinaire, dans le champ de la perte d'autonomie, « ils prennent une acuité, une force, une profondeur encore accrues dans le contexte de la pandémie », indique Fabrice Gzil, co-auteur du document.
Un document réflexif et concret
Mais les 10 chapitres qui composent ce document repère sont tous conçus de la même façon. Ils présentent des difficultés concrètes, émanant du terrain et décrites par les professionnels eux-mêmes. « À partir de là, nous essayons de mettre au jour les valeurs en présence et d'expliciter les conflits de valeurs sous-jacents. Cela nous permet de pointer un certain nombre de pièges et de stéréotypes et de proposer quelques repères pour la réflexion et pour l'action », indique l'auteur. « Ceux-ci sont illustrés par des exemples pouvant inspirer ou faire réfléchir les professionnels. Et parce que la pandémie a donné aux équipes beaucoup d'idées pour le futur, nous listons à la fin de chaque chapitre les perspectives que ces réflexions permettent de dessiner », pour envisager un demain plus paisible.