Le taux d'emploi des seniors connaît un réel décrochage en France par rapport à Israël, comme vis-à-vis de l'ensemble de l'OCDE, en dépit d'une amélioration de la situation depuis 10 ans. Pour autant, c'est en Israël que cette situation est pleinement prise en main avec le projet Vehadarta ! Il s'agit ici d'un beau sujet de réflexion partagée, compte-tenu des réalités d'âge de départ en retraite dans les deux pays, et des enjeux de pouvoir d'achat dans un contexte de réforme des régimes de retraite en France, mais aussi de préservation de rôles sociaux valorisants des aînés.

L'habitat, une priorité française

Adapté ou partagé, l'habitat fait l'objet d'initiatives et d'une attention plus marquée en France, quoique la densité de population au km2 soit 4 fois supérieure en Israël (mais double à Paris !). Le philosophe Gérard Guieze a souligné adroitement que «  le lieu fait le mi-lieu  », plus ou moins riche en opportunités économiques et en relations sociales. En Israël, 38% des personnes âgées vivaient dans les huit plus grandes villes d'Israël : Jérusalem, Tel Aviv-Yafo, Haïfa, Rishon LeZion, Petah Tikva, Ashdod, Beer Sheva et Netanya. Bien que Jérusalem soit relativement « jeune » (le pourcentage de personnes âgées y est de 9%), c'est la plus grande ville d'Israël avec plus de personnes âgées que toute autre ville - 77 000 personnes. À Bat Yam, Kiryat Yam, Kiryat Motzkin et Haïfa, le pourcentage de personnes âgées est le plus élevé de la localité (20% en moyenne, 2,3 fois plus qu'à Jérusalem).

Une natalité soutenue dans les deux pays

Elle l'est moins en France qu'en Israël, certes, mais la dynamique française est nettement plus élevée que dans les autres grands pays européens (Allemagne, Espagne, Italie). Cette chance est aussi un enjeu, puisque l'effort individuel et collectif d'éducation et d'accompagnement doit se porter sur les deux bouts de la chaine démographique. Mais l'approche intergénérationnelle sera certainement l'un des piliers de la transformation et des nouveaux équilibres tant culturels qu'économiques et sociaux que le vieillissement de la population va à la fois appeler et réaliser.

Un sujet porté par la culture

Enfin et concernant la culture et l'évolution des représentations, nous pouvons souligner l'émergence de films et de livres grand public portant le sujet du grand-âge, en assumant ensemble le caractère subjectif de nos propositions. Tel est le cas en France avec : « Amour » de Michael Haneke (2012), « Renoir » de Gilles Bourdos (2013), « Apologie du Grand Age - Vieillesse oblige ! » Christophe Cambona (2013), « Journal d'un corps », Daniel Pennac (2012), « La chaleur du coeur empêche nos corps de rouiller », Marie de Hennezel (2008). Tel est le cas aussi en Israël avec Épilogue (Long métrage, fiction, Amir Manor, Israël, 2012), Twilight of a Life (Long métrage documentaire suivi d'un recueil littéraire autour de la vieillesse, Sylvain Biegeleisen, Israël et Belgique, 2015), La propriété (Roman graphique, Rutu Modan, traduit en français par Rosie Pinhas-Delpuech, Israël, 2013, paru chez Actes Sud).

Au terme de ce petit « selfie bilatéral gérontologique France-Israël », nous soulignons ensemble la force des représentations individuelles et collectives concernant le grand-âge, les attentes et les initiatives sociales innovantes. De ce point de vue, une forme de festival du livre et/ou du film portant sur le grand-âge, avec une dimension internationale, serait certainement du plus grand intérêt.