Alors que Dominique Libault, pilote de la concertation "Grand âge et autonomie", vient de remettre son rapport à la ministre des Solidarités et de la Santé, le Premier ministre, interrogé lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 20 mars, s'est dit ouvert à l'idée de « travailler plus longtemps » dans le but de financer la prise en charge de la dépendance par la Sécurité Sociale.
Retraites : "Travailler plus longtemps" pour financer la réforme de la dépendance ?
« Ça fait très longtemps qu'on en parle, on a parlé d'un cinquième risque, on a parlé de la prise en charge et il se trouve que, malheureusement, en dépit des efforts parfois consentis par les collectivités territoriales, souvent consentis par l'État, nous n'y sommes pas encore », a affirmé Édouard Philippe devant les députés. « Dans un contexte de vieillissement considérable, se poser la question de savoir s'il faut travailler plus longtemps pour que le fruit de ce travail finance ces besoins considérables d'investissement et de prise en charge de la diminution du reste à charge est une question parfaitement valide », a poursuivi le chef du gouvernement. Si Édouard Philippe a assuré qu'il n'est pas question de modifier l'âge du départ à la retraite dans le cadre de la réforme du régime des retraites, il a estimé par ailleurs qu'il est nécessaire de « se poser la question de savoir s'il faut travailler plus longtemps ».
Dans un communiqué de presse publié le 20 mars 2019, l'AD-PA s'inquiète qu'une augmentation du temps de travail soit évoquée, qu'il s'agisse de la suppression d'un jour férié, de l'augmentation du temps de travail hebdomadaire ou du report du départ à la retraite. L'association de directeurs souligne qu'aucune organisation syndicale n'y est favorable et rappelle son souhait d'un financement solidaire et largement accepté par l'ensemble des Français. « En ce sens, le Conseil Économique, Social et Environnemental avait par exemple proposé en 2011 une taxe sur les successions », ajoute l'AD-PA.
Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, a affirmé, le 21 mars sur France Inter que l'âge minimum de départ à la retraite restera à 62 ans dans le cadre de la réforme des retraites. Il n'a cependant pas exclu que cette question revienne dans le cadre de la loi sur le grand âge. Le haut-commissaire a estimé qu'il y avait une « étanchéité » entre « l'enjeu de Sécurité sociale » que sont les retraites et « l'enjeu de santé » représenté par le financement de la dépendance.