Rififi au gouvernement
Les annonces du ministre de l'Économie, Bruno Lemaire, en ce pont de la fin du mois de mai, ont créé un petit vent de panique dans notre microcosme professionnel. Invité du " Grand Rendez-vous ", émission politique d'Europe 1, Bruno Lemaire a en effet suggéré vouloir profiter de la croissance pour baisser les dépenses publiques. Une baisse des aides sociales serait ainsi envisagée.
Une note rédigée par Bercy quelques jours plus tôt indiquait justement que les prestations sociales avaient augmenté de 5 points en 15 ans, pour atteindre 26% des dépenses publiques en 2016.
Une révision des critères d'attribution et du calcul de l'APA, intégrant les revenus mais aussi le capital, est dès lors examinée. Les minimas sociaux pourraient également être revus.
Rapidement qualifiées d'inégalitaires par les syndicats comme les représentants politiques, ces propositions ont généré une forte indignation. " Ce sont des méthodes de voyou ", s'insurge Alexis Corbière, député de la France Insoumise sur CNews. " Tout ce qu'il raconte à l'heure actuelle vise à raboter les aides sociales, à supprimer de la solidarité. " Même son de cloche sur France Info du côté de Brigitte Bourguignon, présidente de la Commission des Affaires sociales : " Baisser les aides sociales en cas de baisse du chômage, c'est une "mauvaise idée". "
La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, s'est rapidement employée à éteindre l'incendie. " Il n'y aura pas de remise en cause des aides sociales ", a t-elle certifié à l'Assemblée Nationale. Une affirmation réitérée sur France Inter jeudi 24 mai où elle a précisé que les déclarations de Bruno Lemaire concernaient les aides à l'emploi. Un plan pour la prise en charge des personnes âgées, que ce soit à domicile ou en établissement, est attendu pour la fin du mois. " Notre axe prioritaire sera de lutter contre la perte d'autonomie ", a-t-elle aussi rappelé. " Nous serons très attentifs au maintien des aides qui permettent aux personnes âgées de rester chez elles plus longtemps ".
Que penser de ces divergences entre ministres, qui révèlent quoi qu'on en dise une absence de réflexion et de concertation ? Elles sont pour le moins inquiétantes à l'heure où les enjeux sont vitaux pour un secteur qui doit justement effectuer et mettre en oeuvre sa mutation profonde. Espérons qu'il ne s'agit que d'un couac de communication, entre des experts pourtant rompus à ce genre d'exercices.