Dans le n° 27-décembre 2012  -  Chronique  1096

" Sapin de Noël "

Si Alfred Blaschko est pour vous un parfait inconnu, il n'y a à ce stade rien d'inquiétant. Ce dermatologue allemand, né le 4 mars 1858, s'intéressa beaucoup à la prostitution et aux maladies vénériennes associées sur lesquelles il publia divers ouvrages.

Toutefois, il présenta sa découverte phare en 1901 lors du 7e congrès de la société allemande de dermatologie. Se basant sur l'étude des naevus de 170 patients, il parvint à décrire des lignes corporelles selon lesquelles se distribuaient ces lésions et à les associer à une origine génétique. On sait aujourd'hui que certaines aberrations épidermiques survenant durant les stades précoces de l'embryogénèse aboutissent à des lignées cellulaires épidermiques différentes qui se répartissent sur des lignes corporelles spécifiques. Si on ajoute aux lignes de Blaschko, celles de Langer qui marquent les zones de tension de la peau et les dermatomes nerveux, on a là l'arsenal séméiologique parfait du dermatologue averti. Sur la base de ces théories certaines pathologies vont donner des lésions qui dans le dos sont dites en " sapin de noël " de part l'image formée par la répartition des lésions le long de ces lignes de clivage et qualifié ou non d'inversé selon les représentations que l'on a de cet arbre. Il est préférable d'ailleurs d'être un disciple de Juan Miro plutôt que de Gustave Courbet pour ne pas passer à côté du diagnostic sur cette seule base picturale.

Parmi ces pathologies, il y a le Pityriasis rosé décrit officiellement en 1860 par Gibert. Même si cette dermatose est plutôt l'apanage des 10-35 ans, elle a été décrite jusqu'à l'âge de 83 ans. La maladie, qui évolue spontanément pendant environ un mois et demi, commence par une lésion mère appelée souvent médaillon car ovale, rouge et avec une collerette écailleuse en périphérie. Vont s'ensuivre une multiplicité de lésions réparties sur tout le corps et évoluant vers la guérison. L'abstention thérapeutique est la meilleure stratégie et l'usage de corticoïdes locaux peut entrainer des érythrodermies graves. L'éruption étant précédée d'une phase prodromique typique, l'origine infectieuse de la pathologie a ainsi été postulée. Différents agents infectieux comme Mycoplasme pneumoniae, Legionella micdadei ou encore Chlamydia trachomatis ont été soupçonnés sans preuve formelle. Les herpesvirus humain HHV6 et 7 sont les plus décrits et leur association avec cette pathologie est jugée probable même si elle n'est pas toujours formellement démontrée.

Un autre herpesvirus, HHV8, agit comme cofacteur d'activation des lésions nodulaires marron-pourpres qui vont se répartir dans le dos selon le fameux dermogramme ramifié. Il s'agit du sarcome de Kaposi, hélas en regain de notoriété depuis les années 80 via son association avec l'infection à VIH. Mais il existe aussi des formes dites classiques, endémiques ou iatrogéniques en particulier chez les transplantés rénaux qui touchent de fait la personne âgée.

Et vous, savez-vous lire dans les lignes du corps ?

En savoir plus :

http://www.rmlg.ulg.ac.be/show.php

01/10/2024  - Ce qui se voit...

Luxe, calme et propreté

S'il est bien une condition indispensable au bon fonctionnement des Ehpad, c'est à n'en pas douter l'hygiène des locaux. Nettoyage, bionettoyage, hygiène du linge... Les consignes et protocoles ne manquent pas pour assurer l'organisation et l'évaluation de ces tâches quotidiennes. Et pourtant, ce travail reste invisible. Ou plutôt, il n'est visible que quand il n'est pas fait. Paradoxe ?
01/10/2024  - Billet

Les vieux aussi !

Serge Guérin me pardonnera de paraphraser le titre de son dernier ouvrage en date* pour titrer mon billet. Vous l'avez lu ou en connaissez le thème : bousculer les idées reçues sur le désintérêt des « vieux » en matière de gestes écologiques et solidaires. Tribune pour répondre à ceux qui pensent que ces générations issues de la deuxième guerre mondiale et des années cinquante ont abusé des trente glorieuses et se moquent des incidences climatiques et générationnelles futures. Elles pourraient pourtant donner des leçons d'économies à beaucoup en matière d'eau, de déchets et de courage. Une anecdote a fini de me convaincre. Récemment par une belle journée je me dirigeais vers la déchetterie suite à des travaux de jardin et je vis sur le bord de la route une personne âgée, courbée et tirant deux chariots utilisés pour les courses. Je me fis la remarque du courage de cette personne sachant que le commerçant le plus proche était à bonne distance. Sur la route de mon retour, je la revis. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'en fait cette dame âgée ramassait des deux bords de la route les déchets que les « clients » de la déchetterie laissaient tomber de leurs remorques en roulant. Je ralentis pour en avoir la certitude et raconter ce vécu à l'ami Serge. Plus encore, je décidais en ces temps riches d'à priori primaires d'en faire le thème de ce billet. Méfions-nous de ces raccourcis trop faciles. Oui, les vieux « aussi » sont sensibles à ces sujets qui mobilisent beaucoup de jeunes, à juste titre. Gardons-nous de ces clichés clivants. Demain ne pourra se construire qu'en faisant société, intelligemment, avec tolérance et respect. Et dès lors, même si mon propos est naïf, il fera bon vivre ensemble. ...
01/07/2024  - Billet

La victoire appartient au plus opiniâtre

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01/06/2024  - Toucher

Découvrir le corps

Toucher des corps qui ne sont ni les nôtres ni ceux des proches aimés. Les couvrir et les découvrir, au gré des soins et des besoins de chacun. Les toucher avec pudeur et respect, dans l'intimité d'une chambre. C'est notre quotidien de soignants, qui prenons soin de ceux qui ont besoin d'assistance pour les actes simples de la vie.
01/06/2024  - Partie I

Virage domiciliaire: Les risques du tête à queue...

Le « virage domiciliaire » est une formule qui sent bon la novlangue administrative et le poncif bureaucratique. Voici des années que ce virage est annoncé, que de nombreuses caravanes publicitaires stationnent sur les aires d'autoroute de la seniorisation... Pour autant, le bilan est maigre.
16/05/2024  - Billet

Éloge du temps

Le débat sur la fin de vie est en cours. Tel un marqueur politique nécessaire, il a été décidé d'en accélérer la réflexion. Il est vrai que le sujet est plus que sensible car on le constate déjà, la sémantique le dispute au fond. On évoque un « modèle français », qui de mon point de vue sera difficile non seulement à construire mais aussi à mettre en oeuvre. Il a été dit qu'il fallait donner du temps au temps. Et cette formule est reprise bien souvent et complaisamment. Sans vouloir procrastiner, car il est légitime qu'une société évolue, j'ai pour autant l'humilité de penser que notre pays est assez enclin à légiférer et « sur-légiférer » sans s'assurer de la réelle application des lois déjà votées. Un consensus se dégage ainsi pour affirmer qu'en matière de fin de vie, la douleur est le facteur essentiel. Et que le nombre de places en soins palliatifs est non seulement insuffisant mais géographiquement injuste. Le sujet presque tabou est difficilement évoqué. Triste constat. La loi Claeys-Leonetti est incomprise, souvent non mise en oeuvre. Elle correspond pourtant à un encadrement important et nécessaire de ces moments si difficiles. ...
01/05/2024  - Billet

Marqueurs de bienveillance

Les débats sur la loi « Bien vieillir » agitent les acteurs du secteur médico-social. Le grand public est plus préoccupé par d'autres sujets sociétaux, anxiogènes et médiatiquement plus à la « une ». Encore une fois, le grand âge est victime du syndrome de l'indifférence et d'un manque de volonté politique face au mur qui se rapproche de plus en plus. C'est un combat permanent, lassant, décourageant souvent, mais essentiel cependant selon le terme si employé lors de la récente pandémie. ...
01/05/2024  - Partie IV

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Pour poursuivre notre série sur la valorisation des métiers du care, évoquons les initiatives visant à améliorer très concrètement le quotidien des femmes et des hommes (surtout des femmes) qui travaillent auprès des plus fragiles.
01/05/2024  - Chronique

Et si on arrêtait de cacher les vieux?

La France des vieux, c'est la France du passé, la France d'hier. Place aux jeunes, à la modernité et à l'innovation digitale ! Bien entendu, je ne suis pas sérieux... Je vous imagine déjà sursauter...