Après deux ans d'expérimentation, l'EHPAD de la Maison de l'Arc à Mulhouse s'est équipé d'un un système anti-errance créé par LAB'TECH, membre du Réseau APA. Présentation.
« Sécuriser les résidents et générer moins de stress chez les salariés »
Avec des vastes espaces de vie répartis sur 7 niveaux et une superficie totale de 11?000 m², la Maison de l'Arc à Mulhouse est le plus gros EHPAD privé à but non lucratif du département du Haut-Rhin. L'établissement accueille 168 résidents (147 en hébergement permanent et 21 en hébergement temporaire) dont une centaine est atteint de troubles cognitifs. « De plus en plus de résidents souffrant de pathologies psychiatriques et de désorientations sont présents au sein de nos établissements. Ce n'était pas le cas il y a 10 ou 15 ans. À cause de la maladie d'Alzheimer et des troubles apparentés, les résidents désorientés confondent le jour et la nuit et se perdent dans l'établissement. Et malheureusement, parfois, ils sortent de la résidence sans pouvoir se souvenir du chemin pour revenir », explique Christophe Bohli, directeur de l'établissement.
Comme pour beaucoup de structures accueillant des personnes âgées en perte d'autonomie, la Maison de l'Arc a dû chercher des solutions pour limiter le risque d'errance et de sorties inopinées des résidents. En 2019, la structure a adopté un système anti-errance développé par LAB'TECH, membre du Réseau APA, après une phase d'expérimentation de deux ans. « La responsabilité des directeurs d'établissement augmente. On observe une judiciarisation plus importante car les familles font des réclamations ou portent plainte plus facilement. Même si l'EHPAD est un milieu ouvert, nous avons une obligation de moyens pour sécuriser notre prise en soins. Ce type de dispositif est un des outils à notre disposition », souligne le directeur de l'établissement.
14 balises
Concrètement, le système anti-errance utilisé par cet EHPAD est embarqué dans un bracelet connecté qui émet une alarme lorsque le résident qui sort de sa zone de repères maîtrisés. L'accès aux sous-sols de la maison de retraite était déjà condamné par des digicodes et techniquement plusieurs entrées et sorties devaient être sécurisées par ce dispositif. « 14 balises ont été installées à divers endroits, dont certains assez éloignés. Elles sont toutes reliées par radiofréquence sur un concentrateur central. Ce dernier envoie des alertes sur les téléphones du personnel qui peut alors visualiser, en temps réel, quelles sont les portes franchies par le résident. Nous utilisons la technologie RFID (radio-identification de l'anglais radio frequency identification), 4,4 gigahertz qui est plus pénétrante que la radiofréquence actuelle. On a plus de précisions et une périodicité d'une seconde de déclenchement. Le principe est d'adapter le système à l'établissement et non l'établissement au système », précise Régis Masson, technicien LAB'TECH. Et d'ajouter?: « L'alarme est émise sur les téléphones déjà portés par le personnel, sans acquisition de récepteurs supplémentaires. On évite ainsi de changer le matériel existant pour la réception d'alerte, il nous suffit de modifier la programmation du système ce qui permet un coût d'installation inférieur à d'autres dispositifs existant sur le marché. Nous pouvons aussi tenir compte des autres dispositifs déjà présents dans les établissements ».
Coût de 15?000 euros
Le coût de revient pour l'installation de ce dispositif au sein de l'EHPAD de la Maison de l'Arc s'élève à 15?000 euros. Actuellement, en moyenne, une dizaine de résidents bénéficient gratuitement de ce dispositif. Ce sont essentiellement des résidents accueillis en hébergement temporaire. « Le dispositif anti-errance est une contention, prescrite par le médecin coordonnateur. Le port de ce bracelet est proposé aux résidents que nous accueillons sur une courte durée, via notre solution d'hébergement temporaire. Il s'agit de résidents souffrant de désorientation avec des antécédents de fugue ou de déambulation la nuit, dont on connaît moins bien les habitudes, et qui restent moins longtemps. Il était nécessaire de sécuriser ce service », indique Christophe Bohli. « Il faut aussi prévoir un accompagnement psychologique pour que la personne âgée s'habitue à cet objet autour de son poignet. C'est une décision prise en équipe pluridisciplinaire et accompagnée d'entretiens avec le psychologue ».
Une solution de renfort
Christophe Bohli reconnaît que ce dispositif a apporté une plus grande sérénité aux équipes. « Comme de nombreux EHPAD, nous avons des difficultés en matière de ratio de personnel et de charge de travail. Nous avons établi un protocole de fugue. Quand le résident quitte l'établissement, c'est lourd à gérer et source d'une vraie inquiétude pour les personnels. Avec l'adoption de ce système anti-errance, notre objectif est double?: sécuriser les résidents et limiter le stress chez les salariés. Ne pas se soucier systématiquement de l'endroit où se trouve tel ou tel résident est plus rassurant pour l'ensemble du personnel. Grâce à ce système anti-errance, l'équipe sait que même si un résident n'est pas dans sa chambre ou dans la salle à manger de l'étage, il est en sécurité. Toutefois, cette aide technologique ne remplace pas l'aide humaine. C'est un renfort ».