Après 50 jours de travail et de concertations, le Ségur de la Santé a remis ses conclusions à Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé.
Ségur de la santé : Remettre de l'humain, mais aussi des moyens et du sens
Ultime étape, le rapport a été remis ce matin en petit comité, Covid-19 oblige. Engagé dès le ralentissement de l'épidémie, le 25 mai 2020, le Ségur de la Santé a permis de dresser un bilan des difficultés rencontrées par notre système de santé et d'émettre de nouvelles recommandations à transformer en décisions et en actions.
Comme l'a indiqué Nicole Notat dans son propos introductif, trois difficultés ont émergé des débats : « notre système de santé souffre d'un excès de centralisation et de cloisonnement entre l'hôpital, la médecine de ville, le médico-social et au sein des établissements » ; « Il y a des retards à l'allumage », dans l'exécution des décisions prises au niveau national qui entachent la confiance des acteurs. « C'est l'organisation d'un système qui est en jeu et non pas les personnes ». Enfin, elle a souligné que « le dialogue social au niveau national et local dont la pratique de la négociation collective sont de réalité et de qualité inégales ».
« Ces constats ont inspiré nos recommandations », a t-elle précisé. Parmi elles, et c'est sûrement la plus attendue, « celle de redonner du pouvoir d'initiative et de décisions à celles et ceux qui soignent, renforcer la participation à la prise de décisions stratégique et financière en privilégiant l'expérimentation comme mode de gouvernance ».
Après la signature de l'accord sur les rémunérations à l'hôpital, voici donc un nouveau volet de 33 propositions, qui comme l'a indiqué Olivier Véran, doivent « se traduire en résultats concrets », c'est à dire en « textes réglementaires, législatifs et financements ». Parmi elles :
- la création de 4 000 lits « à la demande » pour lesquels une enveloppe de 50 millions d'euros a été annoncée. Il s'agit de permettre « l'ouverture ou la réouverture de lits dans les structures selon les besoins » afin de « s'adapter à la suractivité saisonnière ou épidémique ».
- la fixation d'un plafond réglementaire pour stopper les salaires abusifs de médecins intérimaires
- l'amélioration de la formation des personnels médicaux et par médicaux. Pas moins de 2 000 places supplémentaires en IFSI devraient être crées et le nombre d'aide-soignants doublé d'ici 2025.
- le développement des téléconsultations...
19 milliards d'euros pour l'hôpital
C'est le montant d'investissement annoncé par Olivier Véran, 13 milliards concernant la reprise de la dette, 6 milliards s'inscrivant dans un dispositif de décloisonnement. Parmi eux, 2,1 milliards seront consacrés « sur cinq ans » à la transformation, la rénovation et l'équipement des établissements médico-sociaux. « Au moins un quart des places en Ehpad pourra être rénové, accessible et conforme à la rénovation énergétique ». Citons également le renforcement du numérique en santé, le développement des échanges entre la ville et l'hôpital, afin de favoriser les coopérations, à l'image de ce qui a pu se développer durant l'épidémie. Côté gouvernance, le Ségur préconise un renforcement du rôle des ARS au niveau départemental. « Nous allons déconcentrer largement les décisions d'investissement, afin que les territoires soient aux commandes », précise Olivier Véran.
4 priorités pour le grand âge
Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargée de l'Autonomie, a de son côté détaillé une offre de prise en charge médicale pour les personnes âgées. Elle sera structurée autour de 4 priorités :
- Pérenniser sur les territoires des astreintes sanitaires au bénéfice des Ehpad mises en place pendant la crise du COVID-19.
- Structurer dans chaque territoire des parcours d'admissions directes non programmées à l'hôpital pour les personnes âgées afin d'éviter les passages aux urgences inutiles.
- Renforcer le déploiement des équipes mobiles et les interventions de l'hospitalisation à domicile et des professionnels libéraux sur les lieux de vie des personnes âgées.
- Enfin, renforcer le dispositif de présence (garde ou astreinte) infirmière la nuit dans les EHPAD.
L'AD-PA, qui a immédiatement réagi à ces annonces, s'est montrée satisfaite de ces premières mesures tout en soulignant qu'elle attendait "une loi Autonomie ambitieuse pour répondre aux attentes des Français".