Lorsque le 30 octobre 1935, le Major Ployer Peter Hill s'assoit aux commandes du tout nouveau bombardier Boeing 299 il est parfaitement serein, même s'il ne l'a jamais piloté, et son copilote, le lieutenant Donald Putt, possède cette expérience.
" Simples vérifications ? "
Il s'agit d'une démonstration organisée par l'US Air Force qui souhaite commander 200 appareils et tout le monde est certain que la nouvelle merveille volante de Boeing l'emportera largement sur les deux aéronefs de Douglas et Martin aussi en course. Le B 299 est totalement révolutionnaire avec ses 4 moteurs, son train rétractable et son envergure de plus de 31 mètres. Le roulage initial est normal et le décollage s'amorce sans soucis. Toutefois très vite l'avion se cabre anormalement, effectue un looping puis se cabre à nouveau avant de décrocher et de s'écraser en s'embrasant. Plus chanceux que son pilote le Lieutenant Putt survécut et put témoigner. Les ingénieurs de Boeing avait conçu un nouveau système de verrouillage de la gouverne et des gouvernes de profondeur afin d'éviter que, par grand vent, elles ne bougent trop au sol. Putt expliqua qu'ils étaient pressés lors de la mise en route et qu'ils avaient hélas décollé sans déverrouiller cette commande. Lorsqu'ils le réalisèrent il était déjà trop tard.
L'armée Américaine commanda tout de même 13 exemplaires de ce qui allait devenir le B-17 pendant la deuxième guerre mondiale. Le manuel de vol de l'appareil expliquait alors que l'avion était trop complexe pour que la mémoire humaine suffise à sa gestion et que l'usage de check-list était la meilleure garantie de sécurité. Ainsi était né un concept qui fut et reste une contribution majeure à la sécurité aérienne. Il a fallu attendre le XXIe siècle pour voir ce concept s'imposer dans l'univers de la santé avec en particulier la désormais obligatoire check-list au bloc opératoire. Mais personne n'échappe à la poussée des moteurs dans ce domaine.
Accroître la sécurité
Une étude menée au Québec chez 1269 résidents a montré que ceux qui fréquentaient les urgences, sans être hospitalisé au décours (*), avaient une incidence d'infections beaucoup plus élevée que ceux qui restaient dans leurs structures à savoir 8,3 pour 1 000 patients/jours contre 3,4. Il a été retrouvé en particulier une hausse des infections respiratoires et digestives dans la semaine suivant le passage aux urgences. Au vue de ces résultats le CHSLD Juif de Montréal a pris l'initiative GREATT. Il s'agit d'un outil inspiré de la check-list de l'aviation pour évaluer la situation d'un résident avant un éventuel transfert et par là même souvent de rassurer son médecin traitant. Grâce à une amélioration de la communication et du dépistage des situations à risque, GREATT accroit la confiance et la sécurité. Son implantation dans cet établissement a permis une réduction de 33% du recours aux urgences pour les résidents et de 64% à 76% de la durée de séjour lorsque l'hospitalisation d'un résident s'est avérée au décours nécessaire.
Et vous, êtes-vous un adepte de la check-list ?