Menée en avril et mai auprès de plus de 400 hôpitaux et Ehpad publics, une enquête fait le point avant l'été.
Soignants : une enquête de la FHF fait un état des lieux des tensions RH
La Fédération Hospitalière de France a réalisé une vaste enquête en avril et mai 2022 pour connaître les tensions en matière de ressources humaines (RH) non médicales. Elle en a rendu les résultats publics le 23 juin. Ils concernent plus 260 hôpitaux et 145 ESMS, Ehpad essentiellement (12 000 professionnels non médicaux).
Premier enseignement : l'absentéisme se stabilise à un niveau plus élevé qu'avant la crise sanitaire, et à un niveau plus élevé dans le médico-social que dans le sanitaire, respectivement 11,8% et 9,9%.
En revanche, contrairement à l'image fréquente d'une « fuite des soignants », les établissements publics ont enregistré une hausse moyenne de 3% de leurs effectifs en équivalents temps plein en 3 ans. Tous les types d'établissements sont concernés par cette hausse. Pour autant, si davantage de soignants travaillent dans les établissements depuis 2019, cette situation n'a pas permis de réduire la proportion de postes vacants. Avec une exception pour les aides-soignantes dans le médico-social : la part de postes vacants y est passée de 13 % en 2019 à 7,7 % en avril 2022. « Les ESMS ont visiblement connu une amélioration notable de leur attractivité chez les aides-soignantes », note la FHF. Mais vu le poids des aides-soignantes dans les effectifs des Ehpad, le besoin de recrutement reste élevé.
A l'inverse, la part de postes d'infirmiers non occupés a presque doublé, pour s'établir à 13,1 % contre 7,5 % en 2019. Et la gériatrie et les Ehpad concentrent les difficultés de recrutement avec, comme profil le plus complexe à recruter, les infirmières de nuit.
Hausse de la fatigue
Conjuguée à un absentéisme élevé, la hausse de la fatigue des soignants est la conséquence première des difficultés de recrutement (90% des établissements), suivie d'une hausse du recours aux heures supplémentaires et du recours à l'intérim. Enfin, les CH/CHS (57%), et encore plus les CHU (85% d'entre eux) ont eu recours à des fermetures temporaires de lits, ce qui les différencie fortement des ESMS. Mais entretemps l'exemple du Centre Saint-Victor du CHU d'Amiens et son transfert de 53 résidents montre que l'été est celui de tous les dangers...
La nature des besoins de recrutements prioritaires selon les types d'établissements est précisée. La catégorie infirmier reste la première priorité en matière de recrutement dans la FPH (74% des CH, 55% des CHU et 41% des Ehpad). Au regard du poids dans les effectifs et de la vacance plus forte des postes, les Ehpad positionnent les aides-soignantes comme première priorité avec 53% de déclarants
Aucun vivier à rechercher parmi les agents suspendus
L'enquête désamorce le débat : « l'excellent taux de vaccination des professionnels confirme que la réintégration des professionnels suspendus n'est pas une piste importante en matière de tensions sur les effectifs [---] Il n'y a aucun vivier de professionnels à rechercher parmi les agents suspendus pour non vaccination ». D'après cette enquête, le nombre de professionnels suspendus a été divisé par 4 entre le 15 septembre 2021 (mise en oeuvre de l'obligation vaccinale) et le printemps 2022. Il ne représente plus que 0,3% du total des agents des établissements, soit environ 4 000 à 5 000 professionnels tous métiers confondus, soignants et non soignants, sur 1,2 million d'agents dans la FPH.