Les approches non médicamenteuses occupent une place singulière dans l'accompagnement des personnes atteintes de troubles cognitifs. Tantôt adulées, tantôt décriées, elles s'adaptent aux besoins et spécificités de chacun. Pourtant leur usage est laissé au libre jugement des équipes. Zoom sur des pratiques controversées.
Soigner et accompagner les personnes autrement
Comme pour tous les sujets, il y a des effets de mode. Validation de Naomi Feil, Humanitude, Snoezelen ou Montessori, et maintenant Stimulation basale... Les techniques pour soulager les malades et accompagner les soignants se suivent et ne se ressemblent pas. Certaines, encensées un temps, sont abandonnées et rapidement remplacées par une autre. Mais que recouvrent ces techniques, parfois ces philosophies, dont l'objectif reste le traitement ou le soulagement de certains symptômes, l'amélioration de la qualité de vie et la recherche d'un état de bien être.
La Validation® de Naomi Feil
Née en 1932, Naomi Feil a grandi dans une maison de retraite à Cleveland (USA) dirigée par son père. Sa mère y assurait la responsabilité du service social. Après des études de psychologie, elle s'intéresse très vite aux publics âgés et devant l'inefficacité des systèmes traditionnels d'accompagnement, développe sa propre méthode, la Validation®.
" La validation est, selon Naomi Feil, une méthode pour communiquer avec les très grands vieillards pour qui le diagnostic de démence a été posé. La Validation ne les guérit pas mais leur permet de restaurer leur sentiment de dignité et d'estime d'eux-mêmes. C'est une manière d'entrer dans leur monde, de ressentir ce qu'ils ressentent. " Cette méthode propose aussi aux soignants et aux familles des techniques pour communiquer.
Les principes de la méthode
Trois besoins humains de base nécessitent d'être satisfaits. Le 1er est le besoin d'amour et de sécurité, se sentir aimé et protégé. Le 2ème est de se sentir actif, utile, respecté et de travailler. Enfin, il faut pouvoir exprimer ses émotions, et être écouté avec empathie.
La Validation repose sur une idée simple. Derrière chaque comportement, chaque attitude, chaque réaction, aussi étranges soient-ils, existe une émotion, qu'importe la façon dont la personne s'exprime, avec ou sans mot. Le praticien doit pouvoir sentir les émotions de la personne, avec empathie, et la respecter quelle que soit son comportement. " On ne répare pas les gens mais les accepter tels qu'ils sont leur permet d'essayer de communiquer. Quand vous devenez l'auditeur de confiance, les sentiments douloureux s'affaiblissent et le sentiment d'estime de soi devient plus fort. La vieille personne retrouve une forme de paix. "
Pour en savoir plus : www.vfvalidation.org
L'Humanitude
L' Humanitude s'intéresse aux liens qui permettent aux personnes de se rencontrer quelque soit leur état ou leur statut. Le maintien de ces liens s'appuie sur quatre piliers qui constituent les bases de l'Humanitude. Trois d'entre eux sont d'ordre relationnel. Il s'agit du regard, de la parole et du toucher. Le 4ème est un pilier identitaire : c'est la verticalité. L' Humanitude entend professionnaliser la relation en proposant 150 techniques de prendre-soin, qui se veulent un accompagnement dans la bientraitance. Portée par Yves Gineste et Rosette Marescotti, deux anciens professeurs de sport, cette méthode aurait des effets positifs sur les équipes soignantes comme sur les personnes accueillies. Selon une étude menée en 2008, soit il y a presque 10 ans, auprès de 111 personnes âgées de 67 à 101 ans, résidant en EHPAD et présentant une démence de type Alzheimer, la méthode Humanitude aurait permis une réduction de 80% des troubles du comportement, une réduction des neuroleptiques consommés, une diminution de l'épuisement professionnel, une amélioration du bien-être des résidents.
Pour en savoir plus : www.humanitude.fr
La méthode Montessori
Née le 31 août 1870 dans la province d'Ancône, Maria Montessori, l'une des premières femmes médecins italiennes, conçoit une pédagogie pour instruire des enfants souffrant d'un retard mental. Elle imagine un matériel spécifique et observe la manière dont les enfants l'utilisent. Leurs progrès spectaculaires sont pour elle une révélation. Elle crée alors un laboratoire de recherche pédagogique où elle accueille des enfants d'un quartier pauvre de Rome, âgés de 3 à 6 ans. C'est la naissance de la " pédagogie Montessori ", une pédagogie scientifique fondée sur l'observation, la recherche et l'ajustement constant des outils et pratiques. Placés dans un environnement favorable, les enfants sont capables dès lors d'une concentration et d'une autodiscipline inattendues.
Cette méthode qui favorise l'autonomie et l'auto-apprentissage par l'expérimentation trouve un écho intéressant auprès des publics âgés, et notamment des personnes atteintes de maladies neurodégénératives. L'approche est en effet centrée sur la personne, et non plus sur ses déficiences. Le handicap est considéré comme une difficulté qui entrave le quotidien et non comme une maladie qu'il faudrait soigner. Cette démarche quasi philosophique est fondamentale car elle permet à la personne de reprendre le contrôle de sa vie, grâce à la liberté octroyée et le libre choix d'activité, une notion clé de la méthode Montessori.
Pour en savoir plus : www.montessori-france.asso.fr/
La stimulation basale
Développée à l'intention des enfants polyhandicapés par Andréas Fröhlich, professeur en pédagogie allemand, cette méthode, qui se veut davantage un concept qu'une méthode, trouve aujourd'hui de nouvelles applications, notamment dans le champ du grand âge. Le principe est d'aller rejoindre la personne " dans des expériences profondément ancrées " en elles, dans sa petite enfance. Les capacités et les compétences liées à la perception, à la communication et au mouvement sont au centre de cette approche. " Ainsi, des propositions d'aide et d'échanges simples et essentiels visant à maintenir, renforcer et développer ces capacités et ces compétences sont proposées par le biais d'expériences sensorielles simples, claires, réfléchies, structurées et individualisées, centrées sur le corps propre, lieu d'ancrage des premières relations et des constructions psychiques, sur la base d'expériences primaires stables : somatiques (ressentir son corps et son enveloppe corporelle par le toucher), vestibulaires (ressentir son corps par le mouvement) et vibratoires (ressentir son corps en profondeur, la stabilité, le " moi osseux "). " La stimulation basale entend ainsi donner du sens à ce que la personne vit, dans sa globalité, en valorisant et en respectant ses compétences sensorielles, motrices, cognitives et émotionnelles, si minimes soient-elles.
Pour en savoir plus : http://stimulationbasale.fr/V2/