Le respect des gestes barrières est un enjeu délicat mais fondamental pour protéger les professionnels comme les résidents d'Ehpad. Pourtant si ces gestes sont expliqués partout, ils semblent encore difficiles à imposer à certaines familles.
Soutenir les professionnels, accompagner les familles
Ouvrir l'ehpad, oui mais pas n'importe comment. C'est l'un des messages diffusés lors du point presse organisé ce mardi 3 novembre par la Fédération Hospitalière de France. « La pression épidémique est très forte. Elle devrait être maximale dans les 10 jours », a indiqué Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France (FHF), qui n'a pas hésité à insister sur le nécessaire respect du confinement pour protéger les lieux de soins.
Dans ce contexte particulièrement tendu, comment organiser les visites en Ehpad, entre liberté et sécurité ? La stratégie « protéger sans isoler », très clairement évoquée par le président de la République lors de son allocution télévisée, prescrit le maintien des visites en dépit des mesures de confinement. Reste à savoir comment les aménager voire les suspendre s'il n'était pas possible d'assurer la protection des personnes dans leurs locaux ?
Pour Michel Barbe, directeur des « Jardins du Castel », un ehpad situé à Châteaugiron, à 15 km de rennes (en Ile et Vilaine), la reprise des visites appelle à une stricte application des consignes. « Il s'agit de respecter les gestes barrière en toutes circonstances. Le port du masque est impératif et doit être mis correctement ». Dans son établissement, les visites sont possibles sur rendez-vous. 6 salles dédiées aérées et nettoyées entre chaque visite permettent d'accueillir les proches (pas plus de deux en même temps par résident). Un protocole précis a été établi pour tous les visiteurs. Ils se passent les mains au gel hydro-alcoolique, remplissent un registre mentionnant leurs noms et coordonnées, signent une charte d'engagement de respect des consignes dont le port correct du masque pendant toute la visite, « ce que les professionnels des secteurs mais aussi l'ensemble des cadres vérifient. C'est une difficulté et nous ne voulons pas laisser les professionnels de santé seuls face à cette question ». D'ailleurs le directeur s'octroie la possibilité de suspendre toute visite si les consignes ne sont pas respectées. A noter que les visites ne peuvent se dérouler dans les chambres sauf dérogations exceptionnelles donnée par le médecin coordonnateur.
Des ressources humaines totalement insuffisantes
Aujourd'hui les consignes sont claires, et les professionnels équipés d'EPI mais le directeur se dit inquiet. « Nous travaillons à flux tendus. Je ne sais pas comment nous allons faire si du personnel tombait malade. Je n'ai aucun CV d'aide-soignant, et même si les ARS lancent des actions avec Pôle emploi, je suis très inquiet. La période est très compliquée, très fragile, anxiogène et dangereuse. Nous essayons de préserver un équilibre entre liberté et sécurité mais le risque zéro n'existe pas. Si des cas de Covid se présentaient, nous seroons obligés de fermer l'établissement. »
Une inquiétude partagée par Jérome Triquet, directeur du Centre d'hébergement et d'accompagnement gérontotologique (CHAG) de Passy sur Eure, particulièrement touché par l'épidémie.
« Nous avons de vrais soucis de responsabilisation des familles dont certaines sont parfois agressives vis-à-vis des personnels. On se retrouve avec des tensions qui mériteraient d'être clarifiées. (...) Pour nous soutenir et faire respecter les gestes barrières, nous avons fait appel à des groupes de secouristes. Ils nous aident à assurer correctement la surveillance des visites, notamment le week-end où nous avons moins de personnels présents ».