" Plus que des TMS en général, il m'a semblé essentiel de m'interroger sur les difficultés rencontrées par chaque corps de métier ", explique Édouard Cousin à la tête de l'EHPAD depuis 2012, après quelques années dans l'industrie médicale. " L'aide-soignant n'a pas les mêmes besoins que la comptable ou l'homme d'entretien. Pour chacun, il faut imaginer ou dénicher les aides qui permettront de soulager ses postures, d'éliminer la pénibilité et d'améliorer l'organisation du travail. Souvent d'ailleurs avec l'aide des intéressés qui me recommandent du matériel utilisé dans d'autres établissements. " C'est ainsi qu'il dresse pour Géroscopie la liste de ses trouvailles.

La lingère

Notre lingère se plaignait de douleurs aux jambes. La repasseuse d'un pressing voisin m'a délivré quelques conseils : placer la table à repasser à hauteur du nombril ; lors du repassage, alterner les chemises et les pantalons pour éviter les mouvements répétitifs, aller les ranger régulièrement pour se " dégourdir les jambes ". C'est aussi l'installation d'un socle permettant aux hublots du lave-linge et du sèche-linge d'être à hauteur d'homme avec un bac à linge disposant d'un fond qui remonte pour éviter de se baisser.

L'homme d'entretien

Pour éviter qu'il ne supporte le poids des containers poubelles, nous avons acheté un tire-poubelle. Nous avons aussi travaillé à alléger les charges portées. Responsable de l'alimentation en packs d'eau dans les 8 unités de l'établissement, nous avons proposé de rationaliser les déplacements. Il les stocke désormais dans 3 zones, chaque unité venant ensuite se servir.

L'auxiliaire de vie

Sujettes aux douleurs du canal carpien, les auxiliaires de vie se sont vues équipées de balais ergonomiques ajustables à la taille de chacune. Ils limitent les mouvements du poignet et glissent mieux sur le sol. De même, nous avons acheté deux auto-laveuses I-Mop pour nettoyer les couloirs. Elles fonctionnent sur batteries, sont légères, simples d'utilisation et le sol est immédiatement sec. Le système de prétrempage des mop a supprimé le transport des seaux d'eau, réduisant ainsi les efforts physiques quotidiens et répétés.

L'Aide-soignant

Pour l'aide au transfert des personnes âgées à mobilité réduite, nous avons équipé l'établissement de verticalisateurs. Le salarié ne risque pas de se blesser et la personne âgée reste ainsi acteur du transfert. Nous avons investi dans quelques rails. Devant l'engouement des équipes comme des bénéficiaires, nous avons décidé d'équiper en trois ans l'ensemble de l'établissement, supprimant progressivement les lève-personnes encombrants. Chaque secteur dispose d'un moteur transporté sur un chariot pour éviter à l'aide-soignante de le porter. Les rails de transfert amusent certains résidents qui passent désormais plus de temps au fauteuil. Par ailleurs, l'option "déclive" des lits médicalisés permet au soignant de redresser seule le résident vers la tête de lit.

Pour les soins d'hygiène, nous avons ache té, sur proposition de salariés, d es chaise s de douche percées équipées de roulettes. Elles viennent se positionner au-dessus de la cuvette limitant ainsi les transferts et les risques de chute inhérents.

Les infirmières

Elles bénéficient également de nouveaux chariots de médicaments plus légers et maniables. L'écrase médicament électrique, qui a supprimé les douleurs de poignet de l'ancien système manuel, a aussi éliminé l'inhalation des poussières de médicaments.

Si tout cela semble relever du bon sens, chaque demande des salariés est toutefois étudiée par le directeur qui s'est emparé de ces dispositifs et tente désormais d'anticiper les besoins. Aujourd'hui, une démarche pro-active est engagée sur un projet d'activité physique adaptée accessibles à tous. Mais comme tout n'est pas rose, Édouard Cousin s'interroge sur le peu d'attention porté au matériel, le manque d'entretien ou les mauvaises utilisations. La formation reste indispensable. Pour cela, il envisage d'installer des bornes avec tutos interactifs. Encore une innovation au service des salariés.