La connaissance des habitudes du résident, le respect de son rythme et la valorisation de ses capacités de participation constituent quelques préalables indispensables à la réalisation des soins d'hygiène corporelle en institution.
« Toujours associer le résident »
« Accepter qu'un professionnel fasse une toilette ne va pas de soi car devenir dépendant ne s'accepte pas facilement. D'où l'importance de prendre en considération les capacités de la personne pour la faire participer aux soins », explique Christine Bonnet, psychomotricienne et formatrice au sein de l'association France Alzheimer et maladies apparentées. La formation des soignants à l'approche relationnelle est donc fondamentale. Le groupe Korian appuie son approche du soin sur le Positive Care, inspirée de la méthode Montessori. « Notre priorité est la bienveillance, témoigne Yolaine Suin, responsable soins opérationnelle du groupe. Notre personnel valorise en toutes circonstances les capacités préservées de la personne. La faire participer à sa toilette, même pour une petite partie, donne des résultats très positifs et entraîne moins de refus et de réticences. La toilette touche au corps mais aussi à une histoire de vie qu'il faut impérativement respecter. Avant l'admission d'un nouveau résident, un document très complet intitulé « Mieux vous connaître » lui est remis afin que nous puissions noter ses habitudes antérieures. Nous abordons l'ensemble des sujets, dont la toilette », poursuit Yolaine Suin. Dans les Ehpad du groupe, un plan de soins est établi dès l'admission qui pourra être éventuellement réajusté après la première semaine et qui sera ensuite régulièrement réévalué. Une toilette dite évaluative est également pratiquée pour identifier les capacités préservées du résident. Enfin, Korian a déployé différents protocoles dans l'ensemble de ses établissements. « Sur chaque chariot de nursing, un classeur de soins recense le descriptif des différents types de toilettes : debout, au lit, au lavabo, sous la douche... Les infirmiers coordonnateurs et, régulièrement les responsables régionaux, s'assurent du respect de ces bonnes pratiques », explique Yolaine Suin.
Un soin relationnel
En cas de maladie neuro-évolutive, la phase d'observation est très importante pour rechercher l'adhésion et la participation de la personne. « Même si elle ne sait plus qui nous sommes, elle se souvient le plus souvent des ambiances de bien-être », complète Christine Bonnet. D'où l'importance de connaître ces repères, d'utiliser des consignes verbales simples, de créer une ambiance conviviale, voire même une complicité de nature à renforcer la confiance. « Il faut toujours s'assurer que notre visage est visible pour faciliter la communication verbale et non verbale ».
En cas de refus, des solutions simples peuvent être tentées : revoir l'horaire de la toilette ou entrer en relation de façon rassurante avec le résident en lui parlant par exemple de son ancien métier ou de sa famille. « Il est fréquent que le moment de la toilette soit vécu comme anxiogène et se traduise par une actualisation du passé : par exemple, la personne veut retourner voir sa mère. Dans ce cas, nous respectons son discours », souligne Christine Bonnet.
« Dans nos espaces Aloïs, les soignants savent repérer en amont si une toilette va bien se passer. Ils peuvent décider de la reporter l'après-midi ou en fin de journée si le résident est anxieux par exemple », complète Yolaine Suin.
Petit encadré Et la toilette intime ?
Face à une personne désorientée, la toilette intime est peut-être le seul moment où le soignant peut s'effacer davantage pour respecter la pudeur de la personne. « Nous lui proposons de faire cette toilette seule en glissant sa main dans le gant, en lui tendant le savon et en amorçant le geste. Nous sommes là pour « cadrer » la toilette, empêcher par exemple qu'après avoir nettoyé la partie intime, elle porte le gant au visage. Quelle que soit la situation rencontrée, nous veillons toujours à nous positionner dans une démarche d'aide, même si elle est totale », explique Christine Bonnet.