La prévention, qui est le parent pauvre des budgets de santé (environ 2% contre 8% au Québec), est affirmée comme une priorité pour la ministre des Solidarités et de la santé. Ses déclarations et la place accordée dans le plan « Ma santé 2022 » l'attestent.
Transition énergétique et transition démographique : dynamiques communes
L'alimentation, l'exercice physique et intellectuel, la protection face à la pollution sont des éléments déterminants pour réduire les risques de perte d'autonomie. Les études1 démontrent que la possibilité d'améliorer sa forme, réduire les risques de chute ou encore ralentir la perte d'autonomie à tous les âges si une activité physique adaptée et si des comportements de vie plus équilibrés sont adoptés.
On évoque souvent, à raison, la transition énergétique.
On peut, en miroir, défendre la notion et la dynamique de transition démographique. L'une et l'autre sont finalement très complémentaires, très solidaires ; y compris dans la démarche de prévention : soutien à l'autonomie et efficience énergétique dans les logements favorisent la vie à domicile. Ces deux sujets se rejoignent, d'autant plus que 50% des 4 millions de personnes en précarité énergétique sont des seniors... Relier les deux démarches s'inscrit dans un processus d'innovation sociale qui favorise la qualité de vie comme la préservation de l'environnement : prévention de la précarité énergétique ; prévention de l'isolement ; approche personnalisée en fonction du mode de vie de la personne... La prévention est un ensemble qui s'étend de la lutte contre l'isolement, pour le soutien au couple aidant/aidé, jusqu'au fait de réduire le nombre de chutes à domicile, favoriser l'activité physique adaptée ou améliorer la performance énergétique du logement.
Donner une place à la prévention
Bref, réussir la société de la longévité implique la prise en compte prioritaire de la qualité de la vie et de la santé et de la préservation d'un équilibre écologique global qui conduit à diminuer les consommations d'énergie comme à améliorer le confort et la qualité de vie. Cela implique aussi de donner une importance nouvelle à la prévention, sous toutes ses formes, en particulier du côté du logement des personnes, de l'habitat et des modes de déplacements et du soutien à la mobilité et à l'autonomie. Il importe de raisonner en termes de parcours de vie et de démarche de prévention qualitative, en prenant en compte et en impliquant les seniors, les aidants bénévoles et les professionnels du soin et de l'accompagnement. En ayant aussi en tête combien les seniors et leurs proches sont perdus et démunis face à la complexité des situations et des administrations et à l'inflation des solutions et des normes.
Au-delà, pour prendre en compte réellement les modes de vie de celles et ceux qui avancent en âge, il apparaît nécessaire d'analyser le logement dans une perspective couple aidé/aidant ou aidé/professionnel du soin. Il s'agit alors de penser une approche qui considère l'habitat comme un lieu de vie ET un lieu de travail, pour ne plus proposer une analyse cloisonnée à une situation d'urgence uniquement orientée sur les problématiques de l'aîné.
Serge Guérin
Professeur à l'Iseec SBE directeur de MSc « Directeur des établissements de santé ». Auteur de Les Quincados, Calmann-Lévy, 2019 et co-auteur de Médecins Complémentaires et Alternatives. Pour et Contre ?, Michalon, 2019