De 20h à 6 heures du matin, Véronique Tapia, assistante de soins en gérontologie à la Maison Korian Villa Saint-Do de Bois-Guillaume (76) encadre, lors de veillées pyjama, 26 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Une pratique innovante pour lutter contre les déambulations nocturnes et respecter les besoins de chacun. Reportage.
Travailler en pyjama... pour des couchers apaisés
Entrée en 2003 comme AMP à la Villa Saint-Do, un établissement de 102 places dont 26 réservées aux personnes souffrant de troubles Alzheimer, Véronique Tapia a rapidement envisagé une réponse à la déambulation nocturne. Il s'agissait en effet de canaliser l'énergie de personnes qui peinent à trouver le sommeil et perturbent celui de leurs voisins en pénétrant inopinément dans les chambres.
Des soirées apaisées
Primées par les collaborateurs Korian, les soirées pyjamas démarrent avec le journal télévisé de 20h. Véronique Tapia, elle-même en pyjama pour instaurer un rapport d'égalité avec les résidents, propose à ceux qui le souhaitent de s'installer à une table avec leur casier d'activités (voir encadré) ou de participer à un atelier proposé par l'animatrice. Art floral, couture, réalisation de confitures, pâte à sel aux épices pour stimuler les sens, pliages... Les soirées durent jusqu'à minuit, mais peuvent se prolonger en fonction des besoins, l'animatrice étant présente toute la nuit.
Un rituel formalisé
Chacun est ensuite raccompagné dans sa chambre selon un rituel précis, écrit pour favoriser la continuité de soins au sein de l'équipe. Ce dispositif permet de repousser l'heure de la pose de protections et évite les réveils nocturnes. On note aussi une réduction de la prise de médicaments. " Aujourd'hui je ne délivre plus d'anxiolytiques et seuls 4 résidents prennent des somnifères ", confirme, ravie, Véronique Tapia. " Parfois l'angoisse nocturne s'installe. Je peux alors m'asseoir ou m'allonger à côté d'un résident et écouter ses confidences. C'est dans ces instants que la parole se libère. C'est important de prendre le temps d'écouter les peurs, notamment celles liées à la mort. "
Un espace aménagé
Tout ici invite au bien-être. La diffusion d'huiles essentielles propose un environnement olfactif agréable loin des odeurs d'urines habituellement présentes à l'heure des changes, des portes en trompe l'oeil limitent les désirs de départs intempestifs et favorisent l'apaisement. L'atmosphère est calme et l'équipe mobilisée, engagée autour des résidents. " Le projet ne peut fonctionner qu'à la condition que la direction de l'établissement et les équipes adhèrent et s'investissent ", confirme Hanaâ Achammachi, l'énergique directrice. Un défi d'innovation et d'engagement qui s'intègre dans la démarche de " Positive Care " chère à Korian.