L'EHPAD Cousin de Méricourt à Cachan (Val-de-Marne), établissement public du Centre d'action sociale de la Ville de Paris, a mené une réflexion de fond pour sécuriser le circuit du médicament. Explications de Francine Amalberti, directrice de la structure.
« Trois ans de travail pour sécuriser le circuit du médicament »
Votre établissement a fait de la sécurisation du circuit du médicament un de ses chantiers prioritaires. Comment ce travail a-t-il été mené ?
Les évaluations internes et externes ont dégagé des axes de qualité à développer au rang desquels figure la sécurisation du circuit du médicament. Un plan de gestion des risques pour améliorer la sécurité dans l'EHPAD a été défini. Concernant le circuit du médicament, le diagnostic a été établi grâce à l'outil Inter Diag Médicaments de l'ANAP. Ce travail nous a permis de définir une cartographie des risques notamment aux stades de la préparation, de la distribution et de l'administration des médicaments, de hiérarchiser ces risques et d'identifier les possibilités d'action avec de petits moyens. Un groupe de travail pluridisciplinaire (médecin coordonnateur, préparateurs, pharmacien, cadre de santé, infirmiers, aides-soignants) a été mis en place. Ce chantier a demandé trois ans de travail, à raison d'une réunion par mois. La gouvernance a un rôle majeur à jouer. L'implication du médecin coordonnateur, de l'infirmière coordinatrice et du directeur d'établissement est importante.
Quels outils avez-vous mis en place ?
Le circuit du médicament est un système complexe avec une multiplicité d'acteurs. Le sécuriser demande du temps. On n'obtient pas des résultats immédiats. Cette approche s'inscrit dans une optique de développement et d'appropriation par les professionnels de la culture de sécurité, d'une amélioration continue de la qualité des soins. Il faut éviter les solutions trop complexes à mettre en oeuvre. Nos protocoles ont été validés en comité qualité gestion des risques. La réussite de la démarche repose sur trois temps forts : diffuser, expliciter, évaluer. En premier lieu, nous avons établi un livret thérapeutique mis à la disposition de nos cinq médecins salariés, tous gériatres. Ce document identifie les molécules les plus prescrites et les plus coûteuses. Des visites de sécurité dans le circuit du médicament ont été mises en oeuvre. Des agents formés aux risques passent dans les services. Ces visites permettent d'observer les pratiques, de créer un dialogue entre professionnels et d'engager des actions correctrices. L'EHPAD a également mis en place des fiches de déclaration des événements indésirables. Enfin, au moment de l'administration des médicaments, les infirmières portent un gilet distinctif pour ne pas être dérangées.
Le travail de fond mené par l'EHPAD Cousin de Méricourt a-t-il suscité l'intérêt des institutionnels?
Oui, l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France y voit des outils à déployer. Notre expérience intéresse également l'ANAP.