" Tussis quintina "
Si la toux quinteuse chez la personne âgée en institution fait souvent " penser infection virale " il ne faut pas méconnaitre le rôle que peut jouer dans cette population Bordetella pertussis, agent de la coqueluche. On attribue sa première description clinique à Guillaume de Baillou en 1578 à qui il donna le nom imagé de " Tussis quintina ". Ce fameux médecin français, qui fut doyen de la faculté de Médecine de Paris, était aussi surnommé " le fléau des bacheliers " pour sa sévérité lors des examens.
Sur le plan épidémiologie la coqueluche est sous le signe du nombre 21. L'incubation dure de 7 à 21 jours, la contagiosité est de 21 jours après le début des symptômes et c'est durant cette dernière période seulement que le diagnostic par PCR peut être fait. Réalisée à partir d'un prélèvement nasopharyngé la PCR est la technique diagnostique de référence trop souvent omise car prescrite hors délai mais qui pose le problème en cours d'étude de son absence de remboursement.
Depuis 2004 le nombre de cas groupés est en recrudescence et fin 2009 l'Institut de veille sanitaire avait reçu
80 notifications d'épidémie d'infections associées aux soins dont 76 impliquaient au moins un professionnel. On sait que c'est par la baisse d'immunité de la population générale, en particulier chez les adultes jeunes, que la résurgence du phénomène est arrivée. Aussi les recommandations nationales en matière de vaccination du Haut conseil de santé public sont désormais pour tous les professionnels de santé, incluant ceux travaillant en EHPAD, de réaliser une fois une vaccination contre la coqueluche à l'aide d'un vaccin quadrivalent dTcaPolio à l'occasion d'un rappel décennal, logiquement le premier qui se présente désormais pour chaque agent.
Si l'épidémie arrive ou dissémine souvent via un professionnel ce schéma n''est pas exclusif. Des résidents d'EHPAD ont été identifiés comme cas index de tels épisodes avec, dans ce contexte, une contamination initiale probablement issue de leur entourage. Dans les épidémies publiées les toux quinteuses insomniantes sont quasiment une constante du tableau clinique des résidents avec des taux d'attaque rapportés allant de 5 à 30%. La contagiosité est maximale durant la phase catarrhale puis s'atténue avec le temps et il est impératif de porter un masque chirurgical conforme à la norme EN 14683 au contact proche d'un résident qui tousse ou de le lui faire porter lorsqu'il sort de sa chambre.
Il faudra par ailleurs s'organiser pour identifier et informer les sujets susceptibles d'avoir contracté la maladie et mettre en place une prophylaxie antibiotique chez les contacts proches ou occasionnels mais plus à risque individuels comme ceux présentant une pathologie respiratoire chronique. Le traitement curatif, comme prophylactique, est à base de macrolides et on considère que le sujet infecté n'est plus contagieux 3 à 5 jours après le début du traitement selon la molécule prescrite.
Et-vous, que faites-vous face à un tousseur chronique ?