Initialement prévu au mois de juin, le congrès de la Fnadepa est reporté à l'arrière-saison. Le choix de l'île de Beauté devrait permettre de profiter de la douceur des lieux, un cadre propice pour évoquer « Le Lien : l'ADN de notre métier ».
Un congrès repoussé au 21 et 22 octobre 2021 à Ajaccio
Si les congrès sont souvent l'occasion de repenser les pratiques, la Fnadepa a choisi en cette année si singulière de replacer la personne âgée au coeur de toute action. L'épidémie que les établissements, les familles et les résidents traversent depuis des mois a profondément affecté les liens, créant tour à tour de l'isolement ou de la solidarité.
Comment dans ce contexte maintenir et entretenir ce lien ? Comment créer un terreau fertile pour lutter contre l'isolement et le repli sur soi ? Quels leviers actionner pour maintenir l'ouverture au monde, la communication, la curiosité et l'humour ?
Entourée de philosophes, sportifs, psychologues, formateurs, élus, la Fnadepa interroge l'ensemble des champs impactés par la perte ou le maintien de ce subtil fil qui permet un prendre soin de qualité. Transformation numérique, management, aménagement du territoire... Demain est déjà maintenant.
3 questions à... Annabelle Vêques, directrice de la Fnadepa
Pourquoi avoir choisi de consacrer votre congrès à cette question du lien ? S'est-il effilé avec la pandémie ?
Il est une tradition à la Fnadepa : le congrès national est consacré aux évolutions de notre secteur et change de thématique chaque année. En élaborant le programme de cette 36 e édition, en pleine crise Covid, il est vite apparu essentiel de nous concentrer sur L'ADN de nos métiers : le lien - qu'il soit professionnel, familial, générationnel, mais aussi social, culturel, citoyen... Tous ces liens invisibles qui forgent les relations autour de la personne âgée et enrichissent son quotidien.
Ces liens ont en effet été bouleversés avec la pandémie. Parfois distendus, parfois renforcés, ils se sont surtout réinventés grâce à la mobilisation et l'adaptation de tous les acteurs, professionnels en tête.
Qu'attendez-vous concrètement de votre 36e congrès ? Des propositions opérationnelles ?
Ce congrès sera déjà celui des retrouvailles avec les adhérents, les entreprises partenaires, et tous les participants à cette édition corse. Enfin ! Après tous ces mois de crise, avoir le plaisir de se rencontrer serait presque déjà une fin en soi.
Au-delà, notre programme s'annonce riche, conjuguant champs de réflexion et outils pratiques. De Julie Soustre, qui partagera son regard de philosophe, à Roland Grunder, qui présentera l'exemple suisse du Conseil des aînés, nous aborderons les liens sous toutes les coutures : les interactions familiales qui peuvent jouer un rôle d'inhibiteurs ou de catalyseurs de l'accompagnement, les enjeux de l'accessibilité culturelle pour nos aînés, mais aussi l'humour comme booster de liens entre professionnels, la transformation des métiers avec le numérique, la méthode des sportifs au service du collectif, l'implication des aînés dans la cité...
On a le sentiment que l'opinion publique a évolué et que la crise a permis une reconnaissance du travail réalisé en Ehpad. Partagez-vous ce point de vue ?
Il y a une reconnaissance à plusieurs niveaux. Celle du public s'est manifestée en force lors de la première vague, avec les applaudissements et les témoignages de solidarité. Elle perdure au sein des familles qui ont vu le formidable engagement des professionnels auprès de leurs proches. Mais, a contrario, les décès importants et les contraintes fortes de sécurité sanitaire - notamment les restrictions des visites, vont laisser des traces. Quant au Gouvernement, s'il a lui aussi témoigné de sa reconnaissance sous une forme sonnante et trébuchante via les primes Covid et le Ségur de la santé, cela reste en deçà des besoins réels. Car la crise, a contrario, a aussi démultiplié les tensions dénoncées depuis des années. La reconnaissance du travail sera réelle lorsque sera enfin mise en place une politique ambitieuse pour réformer l'accompagnement du grand âge.