2 minutes 30 d'antenne pour les raisons d'une démission, Sylvain Meissonnier ne trouve plus de sens à la direction générale d'Ehpad.
Un directeur jette l'éponge : « La Covid a révélé une manière de maltraiter la prise en charge de nos aînés »
Directeur général adjoint de la Mutualité française en Normandie, Sylvain Meissonnier supervise six Ehpad. Après 30 ans de carrière, il jette l'éponge. Il quittera ses fonctions le 30 juin et a dit pourquoi sur FR3 Normandie au 12/13 du 4 mai avec des mots forts. Il ne décolère pas : « On a habillé les soignants avec des sacs-poubelle ! Combien de temps, en tant que dirigeant, je vais continuer d'accepter qu'on habille des soignants avec des sacs-poubelle ? C'est une manière de maltraiter la prise en charge de nos aînés, les gens qui nous ont changés, élevés, nourris, qui ont payé nos études ». Il avoue qu'après un an de crise, il ne veut plus faire semblant. À force de gérer des ordres et des contre-ordres, sans moyens, il ne trouve plus aucun sens à son métier.
Le reportage de FR3 est tourné à l'Ehpad Les jardins d'Elsa d'Ifs (Clavados) dont la directrice Patricia Becq-Poinsonnet raconte les 90 résidents sur 100 touchés par le virus en octobre, les familles qu'on essaie de faire rentrer quand ils n'étaient vraiment pas bien (plusieurs décès à déplorer): « pour dire les choses crûment, j'ai plus eu l'impression de tenir une prison qu'un Ehpad ».
« Je fais partie des gens qui n'arrivent pas à dissocier valeurs personnelles et valeurs professionnelles » résume Sylvain Meissonnier
Et puis, au-delà des 2minutes 30 d'antenne, il y a les propos non retenus qui « contextualisent ». Un journaliste de la chaîne y consacre un article qui dit le manque de moyens, ne serait-ce que pour les repas, le manque de respect des pouvoirs publics, le désarroi des personnels, les nouvelles entrées trop tardives de résidents usés....