Les 600 000 résidents d'Ehpad et 31 000 patients des USLD peuvent désormais - vaccinés ou non - recevoir leurs proches dans leur chambre ou sortir dans leur famille. Des recommandations sur « l'allègement post-vaccinal des mesures de protection » applicables depuis le 13 mars ont enfin été diffusées par le Gouvernement.
Un nouveau protocole d'« allègement post vaccinal des mesures de protection »
« Les résidents, quel que soit leur statut vaccinal et immunitaire, doivent retrouver les mêmes droits que le reste de la population, comme la possibilité de voir leurs proches, à l'extérieur ou à l'intérieur de l'établissement », a commenté Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l'Autonomie dans un communiqué du 12 mars en présentant des recommandations « pour un retour progressif à la vie sociale » - le document lui-même étant titré « Allègement post vaccinal des mesures de protection ».
Visites en chambre et sorties
Mais si les interdictions de visites dans les chambres et de sorties dans les familles sont enfin levées, toutes les contraintes sanitaires en vigueur ne le sont évidemment pas, port du masque, distanciation, tests préalable des visiteurs, questionnaire à l'entrée... Le principe de différentiation des mesures ayant été sujet à controverses, le gouvernement n'a pas voulu être accusé de créer un passeport vaccinal dans les Ehpad. Il a donc renoncé à subordonner les autorisations de visites en chambre ou de sorties dans les familles à la vaccination : les personnes âgées « non protégées par une vaccination complète » seront néanmoins l'objet de « mesures de protection supplémentaires » :
- Les visites en chambre : en dehors des mesures de sécurité à l'entrée qui continuent de s'appliquer dans tous les cas pour les visiteurs extérieurs (sur rendez-vous), les résidents non vaccinés devront subir un test à J+4 et J+7 ;
- Les sorties dans la famille (autorisées hors zones de confinement local) : les résidents non vaccinés qui ont eu le feu vert du médecin coordonnateur/équipe soignante (dont n'ont pas besoin les vaccinés) doivent subir un test RT PCR à J+4 et J+7 et un isolement pendant 7 jours (pas d'activités collectives et de repas collectifs)
Les sorties aux alentours ou dans les espaces extérieurs de l'Ehpad sont libres.
Pour les repas collectifs, eux aussi importants dans la lutte contre l'isolement, le texte préconise des petits groupes mixtes vaccinés/non vaccinés avec une distanciation de 2 mètres entre les tables et pour une même table une installation en quinconce ou avec distanciation la plus grande possible.
Les directeurs d'Ehpad ont la main
Toutefois, les recommandations le disent avec insistance, ce sont les directeurs d'Ehpad qui ont la main et peuvent « décider des mesures de gestion les plus adaptées à leur établissement » après concertation collégiale et consultation du conseil de la vie sociale (CVS). Et les assouplissements sont « à étudier au cas par cas par les établissements ». Enfin l'épée de Damoclès est plus aiguisée qu'attendu : la détection d'un seul cas (et non plusieurs comme prévu dans une précédente version du protocole) parmi les résidents ou les professionnels « doit conduire à une remise en cause immédiate des mesures d'assouplissement dans les établissements touchés». Sans compter une forme de mise en garde : les recommandations rappellent aux professionnels « l'enjeu éthique qui s'attache à ce qu'ils se fassent vacciner » et ajoutent que « sans une vaccination massive des professionnels, un retour à la normale dans les établissements ne sera pas possible ».
Le communiqué de Brigitte Bourguignon qui a par ailleurs annoncé une « clause de revoyure » est donc prudent :« le chemin des retrouvailles s'ouvre devant nous, mais il doit être soigneusement balisé et progressif, au cas par cas, pour en assurer la réussite». Pas sûr que cela désamorce les impatiences des résidents et des familles et les Ehpad vont devoir sans doute gérer dès aujourd'hui un flot de demandes... »
Quelques réactions à chaud
Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa (France Inter 13 mars) : « toute la semaine, nous avons négocié avec les pouvoirs publics parce que le clivage entre vaccinés et non vaccinés était beaucoup plus significatif : dans le premier projet, les résidents vaccinés avaient des droits de vie normale tandis que les non vaccinés n'avaient quasiment aucun droit »
Pascal Champvert, président de l'AD-PA (France Inter 13 mars) : « il faut rendre une totale liberté aux personnes âgées vaccinées, il y a encore des restrictions sur les distances pendant les repas, elles doivent pouvoir manger normalement comme tous les Français »
Le Cercle des proches aidants en Ehpad (twitt du 13 mars) : « Les directeurs d'Ehpad étant toujours en responsabilité, c'est à eux de décider in fine , comme depuis le début. Espérons qu'ils jouent le jeu et que les CVS seront bien réunis ! On va rester attentifs, fin de vie ne doit plus signifier fin de droits ».
Claudette Brialix, présidente de la Fédération nationale des associations et amis de personnes âgées et de leurs familles (Fnapaef) : « ce protocole répond à une grande partie de nos demandes et nous nous en réjouissons. Nous tenions absolument à ce qu'il n'y ait pas de discrimination entre résidents vaccinés et non vaccinés parce qu'on peut considérer que désormais l'immunité collective est atteinte - je ne parle pas ici de la vaccination des personnels... En revanche, pourquoi, une fois de plus, et même si on en parlait, l'annonce est-elle faite par le gouvernement la veille de l'application sans qu'il s'assure que l'intendance suivra ! Le risque est de transformer quelque chose de positif en désappointement général ! »
Philippe Wender, président de Citoyennage (dans un communiqué du 15 mars) : « nous restons vigilants quant « aux adaptations locales en fonction de la situation » que le texte évoque, elles pourraient conduire à restreindre ces mesures par excès de précaution ».