Au plan national, on estime de 50 à 80%1 le nombre de résidents MASA au sein des EHPAD. 90% d'entre eux présenteront au moins un des douze symptômes psychologiques et comportementaux de la démence (SPCD) au cours de l'évolution de la maladie. Cette réflexion a abouti à la mise en place d'un « PASA Itinérant » au sein de l'EHPAD René Marion dans l'Isère. Explications.
Un « PASA itinérant » à l'EHPAD
Cette initiative répond au premier axe du Plan National « Alzheimer et Maladies apparentées 2008/2012 » portant sur l'amélioration de la qualité de vie des malades et plus spécifiquement des personnes âgées présentant une maladie d'Alzheimer ou un syndrome apparenté (MASA) sévère.
Le PASA, un lieu de soin
Dans sa définition, un PASA est un lieu de vie et de soin au sein duquel sont organisées et proposées aux résidents de l'EHPAD répondant à des critères fixés par l'ARS, des activités cognitives et sociales à visée thérapeutiques. Ce dispositif vise à améliorer la qualité de vie des personnes MASA, en leur offrant un ensemble de prestations adaptées à l'évolution de la maladie et aux troubles associés. De par ses critères d'admission exigeants, la prise en soins PASA cesse dès lors que les troubles psycho-comportementaux s'aggravent ou que la dépendance physique s'intensifie.
L'EHPAD René Marion (Roybon - 38) a dès lors élaboré un projet « dispositif PASA » adapté à la population MASA sévère. Ces prises en charge « PASA Itinérant » sont destinées aux résidents présentant des capacités cognitives et physiques plus réduites. Des ajustements sur les modalités de prise en charge ont été effectués intégrant la durée de prise en soins, le nombre de personnes accueillies en atelier groupale et lors des repas thérapeutiques, le lieu d'intervention, les ateliers spécifiques.
Ainsi, les ASG proposent des prises en charge variant de 20 à 45 minutes adaptées aux capacités cognitives et physiques, pour des groupes n'excédant pas 4 personnes, et dans certains cas être réalisée auprès d'une seule personne.
Afin de minimiser le retentissement sur les troubles de l'orientation, et pour favoriser l'ancrage des repères du résident, il est apparu nécessaire d'installer cette prise en charge au sein de l'unité de vie du résident (logements, salles à manger, etc...).
Des bénéfices pour tous
L'équipe a ainsi fait l'hypothèse de recueillir divers bénéfices :
Pour le résident : la création de lien social, la mobilisation des fonctions sensorielles, l'investissement dans une dynamique de groupe, la « contenance » des troubles psycho-comportementaux, maintien de l'autonomie et des capacités cognitives et prévention des troubles de la marche et de l'équilibre.
Pour les soignants : l'abaissement du retentissement des troubles psycho-comportementaux dans l'unité de vie, de leur portée anxiogène et l'allègement de la charge de travail.
Pour l'équipe : la diffusion du savoir-faire et de l'expertise spécifique des ASG.
Des résultats tangibles
Après 4 mois d'expérimentation, les résultats sont particulièrement concluants. « Chez les résidents pris en soins, nous observons une amélioration significative des SPDC, une diminution de la désorientation, un maintien des capacités cognitives et de l'autonomie (au point que nombre de résidents ont été réorientés vers des prises en soin PASA « classique » à la journée), la création de liens sociaux liés aux activités groupales, l'investissement plus marqué vers la résidence et l'unité. Les autres résidents et l'unité de vie sont plus apaisés du fait de l'amenuisement du retentissement des SPCD des personnes prises en soin. Enfin la diffusion des techniques et savoir-faire des ASG à l'ensemble de l'équipe favorise la reproduction et l'application des techniques à d'autres résidents. La majorité du personnel soignant (hors ASG) s'est dit satisfait du dispositif qui leur permet d'appréhender différemment les résidents MASA sévère. »
Marion Monnier
Psychologue clinicienne, Ehpad René Marion à Roybon