Dans le n° 39-décembre 2013  -  Chronique  1630

"Un petit nom charmant"

Si vous êtes un adapte des médias Britanniques vous n'avez pu rater en 2013, le sourire et la douce voix de Catherine Makison-Booth, scientifique et chercheur au "Health & Safety Laboratory" à Buxton dans le Derbyshire.

Ce qui lui a valu sa notoriété éclair est la créature qu'elle a inventé et à laquelle elle a donné vie. La créature n'a ici aucune commune mesure avec le monstre engendré par Victor Frankenstein mais elle possède d'indéniables atouts pour laisser son empreinte dans l'histoire et en particulier dans celle de la prévention du risque infectieux. Quoi qu'asexuée la créature est plutôt d'obédience masculine puisqu'elle répond au nom délicat de " Vomiting Larry ". Le lecteur optimiste pourra rêver un court instant qu'il s'agit là d'un faux ami de la langue de Shakespeare mais il n'en est rien et c'est bien à " Larry le vomisseur " que nous avons à faire.

A l'évidence Larry est un robot qui a de la glotte. De présentation majoritairement céphalique, Larry est muni d'un mécanisme savant qui va lui permettre de reproduire le vomissement humain. Chez Larry rien ne passe par le bulbe rachidien et ses réflexes sont purement mécaniques. Son estomac sous piston est alimenté avec un produit ayant la viscosité du liquide gastrique. Le raffinement du robot ne va pas jusqu'à lui donner des nausées et une hypersialorrhée prodromique mais force est de constater que quand Larry passe à l'action mieux vaut ne pas être directement dans sa ligne de mire. D'ailleurs, aucun des collaborateurs de Larry ne sort sans une tenue renforcée et imperméable, conscient du caractère bilieux de la créature.

Si Larry suscite un tel enthousiasme c'est parce que ses performances émonctoires sont mises à profit pour améliorer la connaissance et la prévention autour d'un ennemi redoutable des collectivités de personnes âgées : le Norovirus. On connait son aptitude à transformer très vite résidents et professionnels en répliques vivantes de Larry avec tous les aléas que cela entraine. Aussi Catherine Makison-Booth a eu l'idée d'ajouter un produit fluorescent au liquide gastrique qui sous l'effet d'une lumière à ultraviolet va permettre de mesurer l'ampleur de la diffusion du virus dans l'environnement. Notre chercheur Britannique démontre ainsi qu'en essayant de nettoyer les reliquats de projectiles visibles de Larry on passe d'une part à côté de pas mal de zones contaminées mais de plus on se contamine largement la tenue, voire le visage comme dans une de ses expériences, sans en avoir le ressenti. Un article récent rapporte une épidémie d'infection à Norovirus chez 9 joueuses d'une équipe de football féminine cadette. Le cas index était un des adultes encadrant l'équipe et le mode de transmission la contamination du sac contenant la nourriture de l'équipe qui avait été stocké dans la salle de bain de l'adulte malade. En conclusion les auteurs insistent sur la gestion méticuleuse de l'environnement autour d'un cas.

Et vous, êtes vous prêts à suivre les préceptes de Larry ?

En savoir plus :

http://www.youtube.com/watch?v=sLDSNvQjXe8

01/10/2024  - Ce qui se voit...

Luxe, calme et propreté

S'il est bien une condition indispensable au bon fonctionnement des Ehpad, c'est à n'en pas douter l'hygiène des locaux. Nettoyage, bionettoyage, hygiène du linge... Les consignes et protocoles ne manquent pas pour assurer l'organisation et l'évaluation de ces tâches quotidiennes. Et pourtant, ce travail reste invisible. Ou plutôt, il n'est visible que quand il n'est pas fait. Paradoxe ?
01/10/2024  - Billet

Les vieux aussi !

Serge Guérin me pardonnera de paraphraser le titre de son dernier ouvrage en date* pour titrer mon billet. Vous l'avez lu ou en connaissez le thème : bousculer les idées reçues sur le désintérêt des « vieux » en matière de gestes écologiques et solidaires. Tribune pour répondre à ceux qui pensent que ces générations issues de la deuxième guerre mondiale et des années cinquante ont abusé des trente glorieuses et se moquent des incidences climatiques et générationnelles futures. Elles pourraient pourtant donner des leçons d'économies à beaucoup en matière d'eau, de déchets et de courage. Une anecdote a fini de me convaincre. Récemment par une belle journée je me dirigeais vers la déchetterie suite à des travaux de jardin et je vis sur le bord de la route une personne âgée, courbée et tirant deux chariots utilisés pour les courses. Je me fis la remarque du courage de cette personne sachant que le commerçant le plus proche était à bonne distance. Sur la route de mon retour, je la revis. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'en fait cette dame âgée ramassait des deux bords de la route les déchets que les « clients » de la déchetterie laissaient tomber de leurs remorques en roulant. Je ralentis pour en avoir la certitude et raconter ce vécu à l'ami Serge. Plus encore, je décidais en ces temps riches d'à priori primaires d'en faire le thème de ce billet. Méfions-nous de ces raccourcis trop faciles. Oui, les vieux « aussi » sont sensibles à ces sujets qui mobilisent beaucoup de jeunes, à juste titre. Gardons-nous de ces clichés clivants. Demain ne pourra se construire qu'en faisant société, intelligemment, avec tolérance et respect. Et dès lors, même si mon propos est naïf, il fera bon vivre ensemble. ...
01/07/2024  - Billet

La victoire appartient au plus opiniâtre

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01/06/2024  - Toucher

Découvrir le corps

Toucher des corps qui ne sont ni les nôtres ni ceux des proches aimés. Les couvrir et les découvrir, au gré des soins et des besoins de chacun. Les toucher avec pudeur et respect, dans l'intimité d'une chambre. C'est notre quotidien de soignants, qui prenons soin de ceux qui ont besoin d'assistance pour les actes simples de la vie.
01/06/2024  - Partie I

Virage domiciliaire: Les risques du tête à queue...

Le « virage domiciliaire » est une formule qui sent bon la novlangue administrative et le poncif bureaucratique. Voici des années que ce virage est annoncé, que de nombreuses caravanes publicitaires stationnent sur les aires d'autoroute de la seniorisation... Pour autant, le bilan est maigre.
16/05/2024  - Billet

Éloge du temps

Le débat sur la fin de vie est en cours. Tel un marqueur politique nécessaire, il a été décidé d'en accélérer la réflexion. Il est vrai que le sujet est plus que sensible car on le constate déjà, la sémantique le dispute au fond. On évoque un « modèle français », qui de mon point de vue sera difficile non seulement à construire mais aussi à mettre en oeuvre. Il a été dit qu'il fallait donner du temps au temps. Et cette formule est reprise bien souvent et complaisamment. Sans vouloir procrastiner, car il est légitime qu'une société évolue, j'ai pour autant l'humilité de penser que notre pays est assez enclin à légiférer et « sur-légiférer » sans s'assurer de la réelle application des lois déjà votées. Un consensus se dégage ainsi pour affirmer qu'en matière de fin de vie, la douleur est le facteur essentiel. Et que le nombre de places en soins palliatifs est non seulement insuffisant mais géographiquement injuste. Le sujet presque tabou est difficilement évoqué. Triste constat. La loi Claeys-Leonetti est incomprise, souvent non mise en oeuvre. Elle correspond pourtant à un encadrement important et nécessaire de ces moments si difficiles. ...
01/05/2024  - Billet

Marqueurs de bienveillance

Les débats sur la loi « Bien vieillir » agitent les acteurs du secteur médico-social. Le grand public est plus préoccupé par d'autres sujets sociétaux, anxiogènes et médiatiquement plus à la « une ». Encore une fois, le grand âge est victime du syndrome de l'indifférence et d'un manque de volonté politique face au mur qui se rapproche de plus en plus. C'est un combat permanent, lassant, décourageant souvent, mais essentiel cependant selon le terme si employé lors de la récente pandémie. ...
01/05/2024  - Partie IV

Pas de société de la longévité sans volonté de valoriser les métiers du care

Pour poursuivre notre série sur la valorisation des métiers du care, évoquons les initiatives visant à améliorer très concrètement le quotidien des femmes et des hommes (surtout des femmes) qui travaillent auprès des plus fragiles.
01/05/2024  - Chronique

Et si on arrêtait de cacher les vieux?

La France des vieux, c'est la France du passé, la France d'hier. Place aux jeunes, à la modernité et à l'innovation digitale ! Bien entendu, je ne suis pas sérieux... Je vous imagine déjà sursauter...