Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a dressé, le 25 avril, en présence de Cédric O, secrétaire d'État chargé du numérique, les grandes orientations de la "feuille de route du numérique en santé", l'un des chantiers du plan Ma Santé 2022. Au programme : le lancement en 2020 d'un programme de soutien aux systèmes d'information médico-sociaux et d'accompagnement au virage numérique, via un plan "ESMS numérique".
Un plan ESMS numérique pour 2020
Un plan de financement pluriannuel dont l'amorçage serait assuré par la Caisse nationale de solidarité et de l'autonomie (CNSA) sur ses fonds propres doit être engagé afin de combler le retard des établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS) en matière de systèmes d'information et pallier leurs difficultés à dégager des budgets suffisants pour conduire à la fois la sécurisation, l'équipement matériel, l'acquisition de logiciels métier et leur déploiement. Dans le but de favoriser l'entrée des établissements dans le virage numérique, un dispositif d'accompagnement devra être élaboré. Ce programme sera lancé fin 2020 avec une échéance fin 2022.
Le "oui, mais" du secteur
L'Uniopss a salué, dans un communiqué en date du 26 avril, le lancement d'un Plan "ESMS numérique", « mesure qu'elle avait portée auprès de la précédente ministre des Solidarités et de la Santé, Marisol Touraine dès 2016, ainsi que dans sa contribution à la stratégie nationale de santé ». L'Uniopss exprime toutefois des interrogations « sur les moyens qui y seront consacrés - à ce stade seul un amorçage par les fonds propres de la CNSA est prévu - et sur le périmètre.» Elle considère également comme « essentiel » de dépasser le seul secteur "Personnes âgées - Personnes en situation de handicap" et d'inclure l'ensemble des établissements et des services sociaux et médico-sociaux.
Alors que le Programme HOP'EN (Hôpital numérique ouvert sur son environnement ) a été lancé en février dernier pour le sanitaire, la FEHAP insiste, pour sa part, dans un communiqué en date du 30 avril, sur « l'impérieuse nécessité d'un programme similaire pour le médico-social, intégrant le secteur des personnes âgées, le secteur du handicap, et celui du domicile. »
Des EHPAD 3.0
La « feuille de route du numérique en santé » prévoit également la création d'un réseau national de structures de santé dites « 3.0 », « véritables locomotives de la e-santé en France. Dans le cadre d'un appel à candidatures, un réseau « d'hôpitaux 3.0 », de « maisons de santé 3.0 », « d'EHPAD 3.0 », de « GHT 3.0 », de « pharmacies 3.0 »... sera constitué et piloté par la DNS ». Leur rôle sera d'expérimenter et d'évaluer en « conditions réelles » de nouvelles solutions et de nouveaux usages en matière de e-santé. Pour chaque innovation, elles auront pour mission de produire un rapport d'évaluation qui sera ensuite publié par leLab e-santé. « Dans un souci d'efficience, ces structures de santé «3.0» devront se rapprocher des « living labs » et autres incubateurs de leur territoire », précise la feuille de route.
Le pilotage de ce chantier de la transformation numérique sera assuré par Dominique Pon et Laura Létourneau, respectivement responsable et déléguée ministériels du numérique en santé.